Nicolas Sarkozy, Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Philippe de Villiers, Jeannette Bougrab… Comme l'a révélé Europe 1, une trentaine de personnalités de droite menées par l'écrivain Denis Tillinac signent dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles à paraître jeudi un appel intitulé "Touche pas à mon église !". Un texte qui répond à une déclaration de Dalil Boubakeur. Le 15 juin sur Europe 1, le recteur de la mosquée de Paris avait répondu "pourquoi pas" à l'idée de transformer des églises vides ou abandonnées en mosquées.
Rétropédalage. Dalil Boubakeur est revenu sur ses propos le jour même. "Il n’y a aujourd’hui aucun souhait ni volonté de projet dans ce sens", a-t-il assuré dans un communiqué, ajoutant que "nul n’est fondé à se permettre de parler des églises sinon l’autorité ecclésiale elle-même". Pourquoi alors publier un tel appel ? "Je sais bien qu'il a rétropédalé et je ne veux pas m'en prendre à une personnalité sûrement respectable, mais ça traduit un dédain de ce qu'est la mémoire profonde du peuple français", a estimé Denis Tillinac, mercredi soir sur Europe 1.
"On ne peut pas rester les bras croisés", affirme de son côté à Europe 1 l'entrepreneur et élu divers droite de Paris Charles Beigbeder, signataire du texte. "Une église, ce n'est pas juste quatre murs et un toit. Ces édifices sont liés à notre identité de Français et d'Européens. Souvenez-vous de l'affiche de Mitterrand avec un clocher en arrière-plan, en 1981".
Les musulmans seraient contre eux aussi. Selon un sondage Ifop pour Valeurs actuelles, 67% des France sont opposés à la transformation d'églises inutilisées en mosquées. Une opinion partagée au sein de la communauté musulmane, assure Charles Beigbeder : "tout comme les chrétiens, une grande partie des musulmans de France condamne ce type d'idée".
"La totalité, même", renchérit Malek Chebel, anthropologue des religions et spécialiste de l'islam. "Cela répugne les musulmans de toucher ainsi à des églises ou des synagogues. C'est d'ailleurs inscrit dans le Coran : on ne doit pas le faire". Pour Malek Chebel, la transformation des églises en mosquées est donc un faux débat : "la question ne se pose pas", conclut-il.