Les Républicains et la République En Marche unis derrière Emmanuel Macron pour 2022 ? C'est en tout cas le souhait exprimé par le maire LR de Nice Christian Estrosi, lors d'une interview accordée au Figaro lundi soir. "Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu'il soit notre candidat commun à la présidentielle et que ceux-ci puissent participer au redressement de notre pays", a-t-il expliqué.
Une proposition fraîchement reçue à droite
Même si l'appel de l'ancien ministre sarkozyste est assorti de "conditions", il a été fraîchement reçu à droite, alors que la rentrée du parti s'est faite en ordre dispersé. Le président délégué du conseil régional PACA se retrouve donc isolé et les amabilités fusent. "Je trouve ça totalement misérable", a affirmé le numéro 3 des Républicains Aurélien Pradié, en accusant le maire de Nice de "se vendre au plus offrant".
"La France a besoin de nos valeurs et de nos convictions. Si nous ne les défendons pas (...) nous serons mangés par les deux bouts, entre le RN et LREM", a tweeté de son côté l'eurodéputée Agnès Evren. "Envie de devenir ministre", ou encore "recherche d'alliance avec En Marche pour ne pas perdre la région PACA en mars prochain".
Pour ne pas « gâcher son talent », il faudrait désormais pactiser, trahir ses idées, effacer ses convictions. Banalement. Cette époque politique, où la lâcheté remplace le courage et l’honneur, a quelque chose de misérable. L’opportunisme abîme le Politique. Et la Démocratie.
— Aurélien Pradié (@AurelienPradie) September 1, 2020
Une critique qui touche un point sensible
Le maire LR de Nice est certes souvent présenté comme "Macron-compatible", mais sa critique touche un point sensible, alors que LR n'a encore tranché ni sur le nom de son candidat ni sur le mode de désignation. Le nom le plus fréquemment évoqué est celui de François Baroin, qui a le soutien de Christian Jacob. Mais le patron de l'AMF ne clarifiera ses intentions qu'à l'automne. Dans l'intervalle, d'autres posent des jalons, de Xavier Bertrand (le président ex-LR des Hauts de France) à Bruno Retailleau (le patron des sénateurs LR) en passant par Valérie Pécresse (la présidente ex-LR de l’Île-de-France).
La droite va "être dans une situation d'urgence"
Une multiplication de "semi-candidatures" qui entraîne un "trouble" chez les électeurs, selon le politologue Pascal Perrineau. Selon un sondage Ifop paru lundi, le candidat préféré des sympathisants LR en 2022 serait Edouard Philippe (22%), devant François Baroin (21%), Xavier Bertrand (18%) et Valérie Pécresse (15%). "Tant que la droite n'est pas en ordre de bataille à la fois sur le candidat et la procédure, c'est compliqué pour un électeur de droite de ne pas continuer à hésiter", ajoute Pascal Perrineau, pour qui la droite va "être dans une situation d'urgence". Plusieurs responsables de LR ont appelé à "ne pas griller les étapes" et attendre l'après régionales de mars prochain pour trancher sur le candidat.
Car au-delà de 2022, c'est un cycle d'échecs vieux de 10 ans que le parti essaye d'enrayer, depuis la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande. Et si l'échéance présidentielle est encore loin, elle obnubile LR, avec un soupçon d'angoisse.