Un an après l'élection de Macron, les ministres peaufinent leur SAV, la droite ironise

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Maxence Lambrecq, Aurélie Herbemont et Juliette Pietraszewski, édité par Romain David
Les membres du gouvernement sont attendus jeudi soir aux quatre coins de la France pour défendre dans des réunions publiques le bilan du chef de l'Etat.

Trente ministres face aux Français. Jeudi soir, chacun des responsables gouvernementaux animera une réunion publique dans une ville pour marquer le premier anniversaire du quinquennat d'Emmanuel Macron. Ce grand exercice de communication et de pédagogie consistera en deux heures de questions-réponses, sur tous les sujets d’actualité.

Un exercice inédit. Mais pour nombre de ministres, il s'agit d'un véritable baptême du feu. D'autant plus que personne n’est épargné. Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur a, par exemple, rendez-vous au cinéma de Panzoult, en Indre-et-Loire. "C’est toujours un défi parce que chaque fois qu’on fait quelque chose de nouveau, c’est un défi", reconnait-elle. Plutôt habituée à répondre aux étudiants et aux présidents d’universités, elle a dû réviser tous les dossiers. Mais il lui reste encore quelques hésitations. Ainsi, lorsqu'Europe 1 l'interroge au débotté, sur la fiscalité par exemple : "Sur la question de l’impôt à la source, les choses vont être mises en place dès la rentrée… euh… le mois de janvier 2019", s'embrouille-t-elle.

Éléments de langage et antisèches. D’Alençon à Toulouse, de Strasbourg à Rungis, les Français devraient entendre à peu près la même musique, puisque le porte-parole du gouvernement a lui-même distribué les éléments de langage. "Il y a eu un travail de partage de fiches thématiques, sur les différentes politiques qui ont été conduites. Nos cabinets ont travaillé pour qu'en une page, le ministres puissent savoir les choses importantes qui ont été lancées", explique Benjamin Griveaux. Malgré tout, certains ont eu un peu de mal à attraper le train d'enfer des réformes. "J'en ai eu quelques-uns au téléphone pour leur dire comment ça se passe, quelles sont les questions que les Français m'ont déjà posé", reconnaît-il.

Benjamin Griveaux a donc distribué ses astuces. Et en Conseil des ministres, mercredi, Edouard Philippe a dressé un bilan de cette première année, de quoi rédiger quelques antisèches pour rassurer les plus stressés.

Une formation loin "des ors parisiens". Dans les rangs de l'opposition, cette initiative n'a pas échappé aux critiques, parfois acerbes. "C'est très bien qu'ils découvrent les territoires. On voit que certains ministres vont faire connaissance de la France rurale", tacle ainsi Éric Ciotti, le député LR des Alpes-Maritimes. "Je suis heureux qu'ils aient cette formation qui, je l'espère pour eux, sera bénéfique et leur fera porter un regard différent depuis les ors de leur bureaux parisiens", ironise-t-il.

Un exercice de com'. Moins sarcastique, le député LR de la Manche, Philippe Gosselin, dénonce une opération de communication destinée à masquer le fossé qui sépare, selon lui, l'exécutif de la France des territoires. "Le gouvernement semble si peu sûr d'être en phase avec les territoires qu'il se sent obligé de se démultiplier ici et là. S'il suffisait d'aller faire quelques duplex ou multiplex pour être réellement sur le terrain, ça se saurait", relève-t-il. "C'est une façon de communiquer et de couper court aux critiques, assez réelles, sur la déconnexion du gouvernement et des territoires".

Alors que la plupart des ministres ont ciblé des villes moyennes pour ces réunions publiques, Philippe Gosselin les accuse de vouloir capitaliser. "Ce ne sont pas les villes qui ont le plus voté Macron, il y a peut-être un lien de cause à effet avec ce choix", pointe-t-il. "La population qui habite dans les villes moyennes et les territoires ruraux se sent aujourd'hui un peu à l'écart, avec un pouvoir d'achat en berne", relève l'élu qui cite la hausse de la CSG et celle des prix du carburant. "C'est une façon de colmater les fissures, mais je ne suis pas sûr que ça suffise".