Les Français ont convergé par milliers sous la pluie dimanche aux Invalides pour saluer la mémoire de Jacques Chirac, mort jeudi à 86 ans, lors d'un large hommage populaire avant les cérémonies officielles lundi. Faisant la queue pour certains depuis le début de la matinée, ces anonymes ont commencé à défiler peu après 14 heures devant le cercueil de Jacques Chirac, placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
Le cercueil avait quitté dimanche peu avant 13 heures en convoi le domicile parisien de Jacques Chirac, rue de Tournon, traversant la ville sous les saluts de centaines de Parisiens. Ouvrant la cérémonie, des représentants des cultes ont chanté une prière, aux côtés de la famille Chirac, dont sa fille Claude et son petit-fils Martin, mais sans son épouse Bernadette, trop affaiblie.
"Quand on est devant le cercueil, c'est quelque chose"
Les Français se sont ensuite succédés devant le cercueil. Les uns faisaient un au revoir de la main, d'autres un signe de croix, d'autres encore un selfie, devant la dépouille recouverte de bleu, blanc, rouge et entourée de drapeaux français et européen, sous un portrait géant de l'ex-président. Parmi eux, des politiques comme Philippe Douste-Blazy et Alain Madelin, mais aussi des citoyens de tous âges comme Michel, resté un long moment devant la photo de l'ancien président. "Quand on est devant le cercueil, c'est quelque chose", confie-t-il au micro d'Europe 1, affirmant ressentir "beaucoup d'émotion, et une grande tristesse". "C'est une partie de ma jeunesse qui s'en va", explique-t-il encore. De son côté, Edgar, 19 ans, a signé le registre de condoléances. "J'ai écrit : 'sincères condoléances et profond respect pour la stature présidentielle'", raconte-t-il au micro d'Europe 1.
Un livret d'une dizaine de pages intitulé "Jacques Chirac par ses mots", préparé par la famille, a été distribué à l'assistance. Son discours du Vel' d'Hiv en 1995, celui de sa victoire au second tour de la présidentielle en 2002, celui du Sommet de la Terre la même année, et encore son au revoir aux Français en 2007 ont été diffusés, avec une suite de Bach en intermède.
"Rendre un hommage à notre dernier grand président"
La file d'attente, impressionnante, s'étendait en milieu d'après-midi sur des centaines et des centaines de mètres. Et certains, comme Samuel, étaient venus de loin. Cet étudiant en droit de 20 ans est venu spécialement de Nancy pour saluer l'ancien président de la part de sa grand-mère. "Je me suis toujours promis de venir à Paris le jour où Chirac décéderait", confie-t-il, voyant en Chirac un "modèle". Hélène, elle, appartient au contraire à une génération ayant bien connu Jacques Chirac. "C'était un homme solaire", se souvient-elle, louant "son charme, son charisme". "Il a été un grand président, un grand maire de Paris", juge encore cette Parisienne depuis 40 ans. "Je voulais rendre un hommage à notre dernier grand président".
Militante de la première heure pour l'ancien président, Monique, elle, a déjà attendu près de 3 heures. "Je l'avais suivi pendant tous ses meetings", dit-elle à Europe 1, se remémorant "un excellent orateur avec beaucoup d'humanité", qui "parlait avec son cœur", ou encore "un symbole de la paix".
Dans la soirée, ils étaient encore nombreux à patienter, abrités sous un parapluie. S'il le faut, l'Hôtel des Invalides restera ouvert toute la nuit, jusqu'à 07 heures maximum, afin de préparer la cérémonie officielle de lundi, a indiqué l'Elysée.
Les hommages se poursuivent lundi, une trentaine de chefs d'Etat présents
Lundi, les hommages doivent se poursuivre avec une journée de deuil national lundi. Un service solennel présidé par Emmanuel Macron sera rendu à 12 heures en l'église Saint-Sulpice à Paris, en présence des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing. Une trentaine de chefs d'Etat seront également présents, parmi lesquels le président russe Vladimir Poutine, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les présidents allemand et italien Frank-Walter Steinmeier et Sergio Mattarella. Parmi les ex-dirigeants du temps de Jacques Chirac viendront l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l'ancien Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et l'ancien président sénégalais Abdou Diouf.
La classe politique française sera également largement représentée. Si Marine Le Pen avait dans un premier temps annoncé sa présence, la présidente du Rassemblement national a finalement renoncé à se rendre à l'église Saint-Sulpice, alors que la famille de Jacques Chirac avait émis des réserves sur la présence de la fille de Jean-Marie Le Pen, que Jacques Chirac avait affronté au second tour de l'élection présidentielle de 2002.