La primaire de LR qui a désigné Valérie Pécresse comme candidate à la présidentielle a été entachée de "manœuvres frauduleuses" visant à gonfler le corps électoral, affirme mercredi le quotidien Libération, qui parle d'adhérents fictifs ou décédés, voire d'un chien dans les fichiers.
La sécurité et la sincérité du scrutin questionnées
Le quotidien, qui a eu accès au fichier des adhérents, révèle dans cette longue enquête des pratiques qui, sans remettre en cause la victoire de la candidate, "questionnent la sécurité et la sincérité du scrutin". "Parmi les adhérents ayant rejoint LR en 2021, certains n'existent pas ou plus", affirme Libération, qui rappelle que LR a vu ses effectifs bondir d'environ 80.000 fin septembre 2021 à 148.862 le 17 novembre suivant.
D'autres "sont bien en peine d'expliquer pourquoi et comment ils sont entrés au parti" et certains "ne s'intéressent guère aux idées de LR et à sa candidate", ayant "suivi les consignes" ou "rendu service à une connaissance, qui a parfois réglé leur adhésion", affirme Libération. Ces pratiques, qui "ne sont pas toutes illégales", représentent "au minimum plusieurs centaines de votants", selon le quotidien, qui n'a pas pu consulter la liste d'émargement, détruite après le vote.
Celui-ci avait été serré, Eric Ciotti devançant Valérie Pécresse de 665 voix au premier tour. Derrière, Michel Barnier était à 1.209 voix, et Xavier Bertrand à 2.966 de la présidente de l'Ile-de-France. Sollicité par l'AFP, l'entourage de Valérie Pécresse a souligné que la primaire LR avait été "exemplaire par son organisation, sa mobilisation, et son union".
Un travail de lobbying très efficace
Dans les fichiers, Libération a repéré un chien inscrit en région Paca par son propriétaire pro-Ciotti, et "au moins trois personnes censées avoir rejoint le parti après leur décès".
Le quotidien affirme aussi qu'en Ile-de-France, la région de Valérie Pécresse, "un certain nombre d'adhérents n'ont pas la nationalité française, et donc pas le droit de vote", et que "parfois ils ne parlent pas français, ou à peine". Il s'agirait notamment de membres de la communauté chinoise, recrutés en face-à-face ou sur le réseau social WeChat, notamment par des responsables d'associations communautaires, selon l'article.
Libération souligne aussi le "travail de lobbying très efficace" mené auprès de la communauté chinoise par plusieurs élus de Seine-Saint-Denis, "en lien avec le vice-président de la région Patrick Karam", un proche allié de Mme Pécresse. Enfin le quotidien parle de "téléphones prêtés" et d'"adhésions réglées" à Mayotte.