Manuel Valls réfute en bloc les accusations de "trahison" après son refus de parrainer Benoît Hamon en vue de l'élection présidentielle et appelle dimanche à "oublier les vieux clivages" partisans, dans une tribune au JDD.
"Cohérence." "Les débats - cette campagne présidentielle en est l'ultime illustration - prennent une tournure, non plus déroutante, mais alarmante. Vers où va notre démocratie ? Le précipice ? Rien n'est impossible quand on sait que la probabilité d'un régime autoritaire effraie de moins en moins une frange de nos compatriotes", met en garde l'ex-Premier ministre. "Depuis le soir du second tour de la primaire de la gauche, j'ai respecté scrupuleusement la règle que je m'étais fixée : prendre le recul nécessaire, ne m'exprimer qu'avec un seul souci, l'intérêt du pays, et une seule ligne de conduite - la seule qui vaille - la cohérence", explique Manuel Valls, battu au second tour de la primaire initiée par le PS par Benoît Hamon.
"Cynisme ambiant." "Quelle ne fut pas mon incrédulité quand certains, gardiens autoproclamés d'une pureté idéologique, ou d'autres, se revendiquant comme les seuls légataires de la gauche, ont voulu faire de cette cohérence une prétendue 'trahison'", s'emporte-t-il. "Que l'on m'explique ! Quelle serait donc cette trahison qui consiste à refuser ce cynisme ambiant où l'on promet tout et son contraire, où l'on signe des chèques en bois, où l'on fait comme si le monde autour de nous n'existait pas ? Quelle est donc cette trahison qui consiste à rester fidèle à ses idées et cohérent avec ses engagements ?", fustige Manuel Valls.
Défendre une "position centrale" Et d'éreinter le programme du candidat PS : "Comme beaucoup, je ne crois pas que l'avenir de la France passe par une sortie du nucléaire, par l'abandon des règles et des interdits - je pense bien sûr à la légalisation du cannabis -, par le dénigrement de cette valeur qu'est le travail, par une fuite en avant avec le gonflement de notre dette, qui n'est que la promesse de hausses d'impôts." "Faire croire tout cela, c'est trahir le passé de ma famille politique. C'est surtout livrer la France à ceux qui préparent le pire des avenirs", met-il en garde.
"Dans ce contexte où notre pays peut basculer vers l'extrême droite, les progressistes et les républicains ont un immense devoir : assumer leurs convictions et défendre cette position centrale, équilibrée, responsable, civique, la seule capable de rassembler les Français", préconise Manuel Valls. "Dans un monde incertain, instable, où la menace terroriste est prégnante, il faudra tenir le pays, se dépasser, oublier les vieux clivages", prévient-il.