Gérald Darmanin sera-t-il fragilisé par cette semaine agitée ? Déjà dans le collimateur de l'opposition, mais également contesté par une partie de l'aile gauche de la majorité, le ministre de l'Intérieur a du gérer la polémique née de l'évacuation d'un campement de migrants, en plein centre de Paris lundi, ainsi que l'indignation suscitée par la vidéo du tabassage d'un producteur par des policiers.
Et s'il a pu se prévaloir mardi d'un vote large par les députés de la loi "Sécurité globale" et son controversé article 24, la situation s'est également tendue sur ce front, avec la confusion autour de la création d'une commission indépendante pour une nouvelle écriture de l'article. Pour autant, selon les informations d'Europe 1, le ministre ne compte pas reculer sur ce dossier.
Malaise au sein de la majorité
C'est en tout cas ce qu'assure à Europe 1 un proche de l'ex-maire de Tourcoing. Selon lui, la polémique autour de la loi "Sécurité globale" est un sujet purement parisien. Mettant en garde contre un "effet de loupe", ce proche estime que le ministre "a l'opinion publique avec lui. Les sondages montrent que les Français soutiennent cet article 24".
Reste que la crise de l'article 24 a achevé de braquer la majorité. Le ministre doit d'ailleurs tenir lundi une visioconférence avec les députés LREM de la Commission des Lois pour une réunion de crise. Et au sein du gouvernement, si l'ex-LR conserve ses soutiens, le malaise croît du côté de l'aile gauche.
Macron compte sur lui pour siphonner la droite
Mais même s'il est attaqué de toute part, à commencer par son propre camp, selon nos informations, Gérald Darmanin entend poursuivre sa stratégie de défense de sujets sensibles pour continuer à faire bouger les lignes. Et du côté de son entourage, on rappelle qu'il a le soutien d'Emmanuel Macron. Car si tous à l'Elysée ne sont pas de cet avis, plusieurs conseillers du président considèrent qu'à terme, on retiendra, malgré ses maladresses et ses erreurs, que Gérald Darmanin a tenu la ligne qui lui a été fixée et se bat.
Par ailleurs, le sujet concerne aussi la stratégie du chef de l'Etat pour la prochaine campagne présidentielle. Emmanuel Macron sait que son banc de touche est bien maigre pour tenter de trouver un éventuel remplaçant à Darmanin. D'autant que, venu de la droite, son ministre de l'Intérieur est jusqu'à aujourd'hui une pièce importante de la partition présidentielle pour essayer de continuer de siphonner son ancienne famille politique.