"Gérald Darmanin n'a pas d'autre choix que de quitter le gouvernement". C'est ce que réclame la porte-parole du parti Les Républicains, Laurence Saillet. Le Ministre de l'Action et des Comptes publics est visé par une enquête préliminaire pour des faits de viol remontant à 2009 et qu'il conteste. Gérald Darmanin a le soutien du gouvernement, mais peut-il rester en place ?
Une contradiction au sein de l'exécutif. Pour Marie Cervetti, membre du Haut Conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes, à l'origine de la pétition intitulée "Monsieur le Premier ministre, quand un ministre est mis en cause pour viol, il ne peut pas rester au gouvernement", les accusations qui pèsent sur le locataire de Bercy marquent une dangereuse dissonance avec l'action entamée par le gouvernement en faveur de l'égalité pour les femmes et les hommes. "Est-ce que l'on peut travailler sereinement avec un collègue sous enquête préliminaire pour viol ? Est-ce que toutes les personnes qui portent ce combat avec force, énergie et détermination, comme Marlène Schiappa, peuvent travailler sereinement ? C'est ça notre préoccupation", explique-t-elle au micro d'Europe Midi, alors qu'Emmanuel Macron a fait de l'égalité hommes-femmes la "grande cause du quinquennat".
L'Etat de droit, pilier des libertés fondamentales. Une position que ne partage pas Aurore Bergé, également invitée d'Europe Midi. "On a eu un mouvement extraordinaire de par son ampleur historique et la prise de conscience générée qui fait que la parole des femmes est écoutée. […] En revanche, il y a une chose qui est très claire pour moi, c'est que l'on est dans un Etat de droit et dans cet Etat de droit il y a une présomption d'innocence qui ne saurait être remplacée par une présomption de culpabilité", oppose la députée LREM, ancienne membre des Républicains et proche de Gérald Darmanin. "Si demain toutes les personnes dans notre pays qui font l'objet d'une enquête préliminaire, qui n'est pas une mise en examen et qui est encore moins une condamnation, doivent démissionner des emplois qui sont les leurs, alors on n'est plus dans un Etat de droit, ni dans une société qui peut juger sereinement", développe-t-elle.
" Je ne doute pas de la parole de Gérald Darmanin "
"Cela pourra aussi se retourner contre la parole des femmes que l'on accusera de vouloir déstabiliser untel ou untel", pointe-t-elle encore, avant de se dire certaine de l'innocence du ministre. "Gerald Darmanin n'est pas mis en examen, est encore moins reconnu coupable aujourd'hui, et je pense qu'il ne le sera pas. […] Il n'a pas à démissionner", estime-t-elle."Pour le connaitre depuis des années, je ne doute pas de la parole qui est la sienne".
L'exemple de François Bayrou. "On n'est pas en train d'expliquer que monsieur Darmanin serait coupable […] en revanche, la présomption d'innocence, ça n'est pas de dire sur les ondes que l'on pense que telle ou telle personne serait innocente, parce que ça aussi c'est une façon de ne pas respecter la présomption d'innocence", tacle Marie Cervetti qui veut rappeler que "65% des femmes qui dénoncent un viol dénoncent un violeur qu'elles connaissaient fort bien, et depuis longtemps".
"Je demande à un ministre en exercice qui doit notamment signer les chèques pour les droits des femmes d'être aussi cohérent qu'a pu l'être monsieur Bayrou en tant que garde des Sceaux [qui a quitté le gouvernement après 35 jours, suite à des soupçons d'emplois fictifs, ndlr]", conclut-elle.