Édouard Philippe a déclaré mardi qu'il ne souhaitait pas "faire une loi sur les accompagnants scolaires", dans un contexte de polémique sur le port du voile, pointant plutôt "l'enjeu" des "dérives communautaires" et de la "déscolarisation".
"Je ne pense pas pour ma part (…) que l'enjeu aujourd'hui, ce soit de faire une loi sur les accompagnants scolaires", a souligné le Premier ministre à l'Assemblée nationale, en réponse au député Les Républicains (LR) Jean-Louis Masson, qui l'exhortait à "sortir de l'ambiguïté". "Serez-vous prêt oui ou non à interdire le port du voile lors des sorties scolaires", avait lancé l'élu du Var.
"L'enjeu, c'est de combattre efficacement les dérives communautaires"
"L'enjeu, c'est de combattre efficacement, avec le soutien de l'ensemble de nos concitoyens, les dérives communautaires", a poursuivi Édouard Philippe. "L'enjeu, c'est d'éviter que les enfants, en raison des convictions religieuses de leurs parents pouvant relever du communautarisme ou de l'islam politique, échappent à l'école", a-t-il insisté, en pointant le "danger de la déscolarisation", "bien plus immense que l'expression d'une liberté permise par la loi".
"Ma ligne, c'est de me battre pour défendre la laïcité", "c'est de mener sans faiblesse la lutte contre la radicalisation", a encore ajouté le Premier ministre. La polémique sur le port du voile pour les accompagnantes scolaires a été relancée vendredi dernier lorsqu'un élu du Rassemblement national a pris à partie une mère voilée lors d'une séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté vendredi.
La majorité divisée sur la question
La majorité semble divisée sur la question. Si la loi n'interdit pas le port du voile dans cette situation, comme l'a rappelé Édouard Philippe, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait estimé dimanche qu'il n'était "pas souhaitable dans notre société". À l'inverse, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a dit ne pas avoir "de difficulté à ce qu'une femme voilée participe à une sortie scolaire".
Le Sénat va s'emparer du sujet dès la semaine prochaine, avec l'examen en commission d'une proposition de loi LR "tendant à assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l'éducation". Le texte sera ensuite examiné dans l'hémicycle le 29 octobre, tandis que le député LR Éric Ciotti a annoncé lundi qu'il allait "à nouveau déposer" une proposition de loi à l'Assemblée nationale en ce sens.