L’INFO. Ils n’ont pas tiré sur l’ambulance, mais plutôt sur la salle d’accouchement. Deux syndicats de médecins ont fait part de leur inquiétude quant à l’évolution du statut réclamé par les sages-femmes depuis mi-octobre. Dans des communiqués distincts, une intersyndicale de médecins praticiens et le syndicat des gynécologue montrent leur crainte que plus d’autonomie viennent “destructurer” les équipes soignantes. L’avertissement tombe alors que de nouvelles négociations vont se dérouler au ministère de la Santé mercredi.
“Des tensions délétères”. En premier lieu, les praticiens s’inquiètent de la longueur du mouvement de grogne des sages-femmes. Selon cinq intersyndicales de praticiens hospitaliers, même si le “déficit de reconnaissance des sages-femmes doit être entendu rapidement”, leur grève pose problème. Dans un communiqué, le collectif de syndicat dénonce des “tensions délétères pour l’ensemble des professions qui les côtoient”.
Inquiétude sur les négociations. Mais plus que la situation actuelle, les médecins craignent que les tractations en cours ne viennent détruire un équilibre, selon eux, indispensable pour “maintenir la sécurité” des patientes. Le syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) va plus loin. Selon un de ses communiqués, l’autonomisation vis-à-vis de la fonction publique hospitalière que réclament les sages-femmes “ne peut se faire au péril des patientes”.
Il rapporte pourtant que “de différentes régions remontent des accidents, par exemple après pose inadéquate de stérilet”. L’information sur les compétences des sages-femmes ne doit pas laisser croire qu’elles “peuvent en toute sécurité, assurer le suivi gynécologique au même titre que les docteurs en médecine”, pointe le Syngof. “Il faut aussi que les sages-femmes sachent que ceux qui les flattent aujourd’hui, (...) ne seront pas à leurs côtés le jour où leur responsabilité sera engagée”, conclut, plus menaçant, le syndicat.
Trois mois de grève. Depuis le 16 octobre, date du début de leur grève, les sages-femmes se plaignent d’un manque global de reconnaissance. Payées 1.600 euros par mois en début de carrière, leur salaire monte généralement à 2.200 euros après 30 ans. Des revenus insuffisants pour un personnel qui se voit confier des missions toujours plus nombreuses pour faire face à la diminution du nombre de gynécologues.
Afin d’assurer l’ensemble de leurs fonctions, les sage-femme font pourtant cinq ans d’études. Elles doivent passer le tronc commun des écoles de médecine et suivent ensuite un parcours de quatre ans dans des écoles de sages-femmes ou au sein des universités. A titre de comparaison, la formation de base des infirmiers est de trois ans, celle des médecins généralistes de neuf ans.
Un nouveau statut. Pour résoudre le problème, les sages-femmes négocient avec le ministère la création d’un nouveau statut de leur profession. Le collectif d’associations et de syndicat demande au ministère de sortir de la fonction publique hospitalière pour migrer vers un modèle similaire à celui des praticiens hospitaliers qui leur permettrait plus d’autonomie.
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