Près de quatre millions de Français sont asthmatiques, selon l’Inserm. Et personne n’a jamais encore réussi à guérir de cette maladie inflammatoire qui affecte les bronches. Pourtant, toujours selon l’Inserm, 95% des cas d’asthme sont "bien contrôlés". À condition de ne pas prendre cette maladie à la légère, comme nous l’explique dimanche Antoine Magnan, pneumologue au CHU de Nantes, invité du "Magazine de la santé", sur Europe 1.
L’asthme, c’est quoi ?
"C'est une maladie inflammatoire. C'est vraiment ça qu'il faut avoir à l'esprit. Ça veut dire qu’il y a comme une brûlure dans les bronches, c'est rouge, c'est suintant. Cette inflammation, elle est constante, elle reste tout le temps, pas que pendant les crises. C'est pourquoi on doit prendre des anti-inflammatoires", explique le médecin. "Cette inflammation, elle finit par 'agacer' le muscle autour des bronches. Ça va le stimuler, faire en sorte qu'il se contracte. Et à ce moment-là, le calibre des bronches diminue", poursuit-il.
S’il ne disparaît pas, l’asthme peut évoluer au fil du temps. "C'est très variable d'une personne à une autre. Il y a des enfants qui peuvent arrêter d'être asthmatique pendant un an ou deux... et ça finit par revenir. C'est aussi assez fréquent que l'asthme commence à l'âge adulte", développe notre spécialiste.
Quelles sont les erreurs à ne pas faire ?
Antoine Magnan insiste sur le fait de suivre son traitement, quoi qu’il arrive. Et souligne l’importance particulière de la fameuse Ventoline. "C’est LE médicalement qui soulage les symptômes. Il faut l’avoir tout le temps près de soi, dans sa poche. Il ne faut pas essayer de s'en passer et vraiment s’en servir pendant les crises […], ça ne rend pas du tout dépendant. C'est ça qui va décontracter le muscle et qui va faire que l'on va retrouver une respiration normale pendant une crise", insiste-t-il.
En ces périodes de vacances, la tentation de lever le pied sur les traitements de fond qui sont prescrits aux patients peut aussi pointer le bout de son nez. Mais gare au retour de bâton, y compris pour les enfants. "En vacances, on est parfois détendu, on a un peu oublié le traitement, on est en plein air et donc beaucoup moins exposé aux acariens. Mais ensuite, avec l’anxiété, l’exposition aux allergènes, l’arrivée des infections virales… C'est un cocktail qui explique la recrudescence des crises à la rentrée", prévient le médecin, qui rappelle aussi que "le stress a une influence". Antoine Magnan livre donc un principal conseil : "Ne pas flipper ! La rentrée, c'est une fois par an, ça va bien se passer. Ce qui est important, c’est la reprise du traitement".
Autre erreur à ne pas commettre : se priver de faire du sport. "L'asthme va mieux quand on fait du sport, on entraîne son système respiratoire à fonctionner", précise encore le pneumologue. Et cela vaut pour l’adulte comme pour l’enfant.
La recherche avance-t-elle sur le sujet ?
Depuis peu, arrive sur le marché une nouvelle forme de traitement, dont la recherche travaille encore à lever le voile sur le potentiel : la biothérapie, utilisée actuellement pour les asthmes les plus sévères. "Ce sont des médicaments construits pour aller cibler spécifiquement les molécules responsables de l'inflammation, contrairement à des corticoïdes qui vont éteindre toute l'inflammation sans faire le tri. Cela fonctionne sous forme d’injection, une fois par mois ou tous les deux mois", détaille le médecin.
Les chercheurs travaillent également sur un vaccin qui traiterait les allergies aux acariens, parmi les causes les plus courantes de l'asthme. Plusieurs résultats concluants ont été menés sur des animaux, mais la route est encore longue avant une éventuelle commercialisation. "Depuis des années, on essaie de cibler la réaction immunitaire contre les acariens", assure Antoine Magnan. Mais pour l’heure, il n’existe qu’un vaccin de prévention que l’on prescrit chez les enfants "très à risque", avec deux parents asthmatiques ou ayant déjà contractés de nombreuses allergies.
Peut-on se faire opérer contre l’asthme ?
Il existe un traitement nécessitant une intervention chirurgicale contre l’asthme : "la thermoplastique bronchite". Les médecins y ont parfois recours lorsque tous les traitements habituels ne fonctionnent pas, et lorsque le patient remplit certains critères bien précis. "C’est le seul traitement interventionnel de l'asthme. Il se fait sous anesthésie générale et consiste à aller brûler le muscle qui se contracte sous l’effet de l’inflammation. Ce muscle n'a pas d'utilité spécifique pour la respiration", décrit Antoine Magnan.
Si vous voulez en savoir plus sur l’asthme en général, sachez qu’il existe des "écoles de l'asthme", des centres d’éducation thérapeutique où vous pourrez trouver de la documentation, des contacts de spécialistes ou même des formations. Vous pourrez retrouver la liste par ici.