C'est une pratique qui fait son chemin en France : faire du sport alors qu'on est atteint d'un cancer. Trois patients sur quatre continuent en effet à pratiquer une activité physique en dépit de la fatigue liée aux traitements. Selon une enquête publiée ce mercredi par la Fédération nationale CAMI Sport et Cancer, fondée en 2000 par le cancérologue Thierry Bouillet et le karatéka Jean-Marc Descotes.
74% des malades ont continué à faire du sport malgré le cancer. Plusieurs études ont montré ces dernières années qu'une activité physique adaptée, pratiquée de manière régulière, permettait de réduire les effets secondaires liés aux traitements anti-cancéreux, mais également de limiter les rechutes. Menée auprès d'environ 1.500 patients, dont une majorité de femmes souffrant d'un cancer du sein, l'enquête a permis de montrer que 17% des personnes interrogées avaient démarré le sport au cours de leur maladie, contre 13% qui l'ont arrêté après le diagnostic. Mais au total, 74% des patients ont continué à pratiquer une activité physique malgré leur maladie.
Parmi les bénéfices attendus de la pratique du sport, les patients citent en tête l'amélioration de la qualité de vie (99%), des chances supplémentaires de guérir (83%) et la préservation du statut social (67%). La fatigue, liée notamment aux chimiothérapies, est en revanche le principal frein à l'activité physique (51%), suivie du manque de courage (41%), des idées reçues selon lesquelles "il faut se reposer" (36%) ou encore des douleurs (un tiers des patients).
Un risque de mortalité réduit de 34%. Selon la CAMI, qui propose des cours de sport adaptés aux patients atteints de cancer et qui a même créé un diplôme universitaire Sport et Cancer, le sport réduit la fatigue liée au cancer, qu'il soit pratiqué "pendant ou après" les traitements. En fabriquant de nouvelle fibres musculaires, l'activité sportive permet également de maintenir la masse musculaire "ce qui a pour effet de lutter contre la toxicité des traitements anti-cancéreux", souligne la CAMI.
Mais elle réduit également les risques de rechute et de mortalité : une méta-analyse a ainsi fait état d'un risque de mortalité réduit de 34% chez les femmes atteintes d'un cancer du sein localisé et pratiquant une activité physique "suffisamment soutenue et régulière" (150 minutes par semaine en trois séances).
Des professionnels qui manquent d'information. Le même effet se retrouve chez les patients atteints de cancer du colon, à condition de pratiquer une activité encore plus soutenue. Autre effet notable selon la CAMI, le sport contribue à améliorer l'état psychologique des patients "en les réconciliant avec leur corps" et en renforçant les lieux sociaux. La Fédération nationale CAMI, qui compte une quinzaine de comités départementaux ou régionaux, a soutenu activement l'idée d'un remboursement des activités sportives prescrites par les médecins, inscrit dans la "loi santé" votée en décembre dernier.
Mais elle regrette que près de la moitié des patients ignorent l'existence de ce type d'activités et que 67% des professionnels de santé manquent d'information à leur sujet. L'enquête a été effectuée en 2015 auprès de 1.554 patients et de 894 soignants, dont 41% d'oncologues, avec le soutien du laboratoire de biotechnologies Amgen