Comme chaque année, la campagne de lutte contre le cancer du sein se tient tout le mois d’octobre. "Octobre rose" permet également d’informer le grand public sur ce cancer, le plus mortel chez les femmes, qui tue chaque année 12.000 Françaises. Mais de nombreuses facettes du cancer du sein restent largement méconnues. Savez-vous, par exemple, qu’il existe non pas un mais dix types de cancers du sein ? La docteure Mahasti Saghatchian, oncologue médicale à l’Institut Gustave Roussie et à l’hôpital Américain de Paris, était l’invitée de l’émission Sans rendez-vous, mercredi sur Europe 1, pour évoquer le sujet.
20% des cancers du sein surviennent entre 40 et 50 ans
Oui, le cancer du sein est plus fréquent chez les femmes âgées. "Mais on a malheureusement 20% des cancers du sein qui surviennent entre 40 et 50 ans", prévient l’oncologue. "L'incidence du cancer du sein, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas dès l'âge de 40 ans, commence à être significative. Ça augmente jusqu'à l'âge de 60-65 ans, où on atteint le pic, et puis ça diminue après."
Il existe dix types de cancers du sein
À l’heure actuelle, les médecins ont détecté dix types de cancers du sein différents. "Ce sont vraiment les progrès récents de la biologie moléculaire qui nous ont permis de mieux comprendre ces cancers. Ces cancers vont évoluer différemment, avoir des pronostics différents et surtout des traitements différents", a précisé la docteure Mahasti Saghatchian.
L’âge est également un facteur essentiel sur la dangerosité du cancer. "Les cancers plus agressifs sont plus fréquents chez les patientes plus jeunes. Dans tous les cas, quel que soit le cancer, qu'il soit agressif ou pas, qu'il soit chez une femme jeune ou une femme âgée, il faut le détecter précocement alors qu'il est encore petit, alors qu'il n'est pas encore parti hors du sein. C'est la seule façon de guérir du cancer du sein", a mis en garde l’oncologue.
Le cancer triple négatif est celui qui tue le plus
Parmi ces dix types de cancers du sein, celui appelé "triple négatif" est le plus mortel. "Le cancer triple négatif est celui qui concentre le plus d'efforts de recherche. C'est le cancer le plus agressif, qui va rechuter le plus, et malheureusement devant ce cancer on est un peu démunis. On a des chimiothérapies qui marchent plus ou moins, un peu d'immunothérapie et on cherche de nouvelles pistes", a assuré l’oncologue. Parmi ces nouvelles pistes, les médecins étudient notamment des chimiothérapies à partir d’arbre, mais aussi de venin d’abeille.
"La nature recèle des trésors incroyables, comme le venin d'abeille. Il existe une protéine, une molécule, une chimiothérapie qu'on peut extraire du venin d'abeille et qui, visiblement, aurait un impact très, très fort sur les cellules cancéreuses triples négatives. Mais on ne veut pas donner de faux espoirs. Il faudra des années d'analyse, de développement et d'études pour que ça aboutisse à un médicament", a-t-elle tempéré.
L’autopalpation, plus efficace avant les règles
Pour lutter contre le cancer du sein, les médecins incitent les femmes à réaliser régulièrement des autopalpations. Mais il est plus facile de détecter une anomalie "avant les règles". "Une fois les règles passées, le meilleur moment, c'est probablement dans les dix jours après la survenue des règles", a-t-elle ajouté.
Mais l’oncologue prévient : "L'autopalpation est importante mais ne se substituera pas au dépistage. Et malgré tout, elle n’est pas facile à pratiquer. Au contraire, la palpation faite par le médecin est une palpation experte qui va explorer toutes les zones du sein."
Les facteurs de risques : l’alcool, avoir fait une biopsie et la densité mammaire
La docteure Mahasti Saghatchian a également passé en revue les facteurs qui augmentent le risque d’avoir un cancer du sein. Parmi eux : l’alcool. "Chez les femmes, le sein est une espèce d'éponge à alcool. Dès un verre par jour, ce qui n’est pas beaucoup, ça augmente le risque de cancer du sein, tout particulièrement chez les femmes jeunes", a-t-elle mis en garde.
Un autre facteur de risque, moins connu, est "le fait d’avoir subi une biopsie mammaire". "Ce n’est pas tant la biopsie, qui est le fait de mettre une aiguille pour prélever quelque chose dans le sang, qui augmente le risque. Par contre le fait d'avoir eu une biopsie témoigne d'anomalies qui sont dans le sang, qui ont amené à faire cette biopsie. Et statistiquement, avoir eu une biopsie mammaire est un facteur de risque de cancer du sein", précise l’oncologue.
Dernier facteur de risque : ce qu’on appelle la densité mammaire. "Plus on a de gras, moins on a des seins denses. À l’inverse, plus on a de fibres plus on a des seins denses. Le cancer va se développer dans la partie fibreuse. Donc plus on a des seins denses, plus on a un risque de cancer du sein", explique-t-elle. "On va faire une mammographie aux femmes pour évaluer leur densité mammaire. Elle ne se voit cependant qu’en mammographie et pas à la palpation."