C'est un sujet très sensible. On en parle de plus en plus ces dernières années, mais en connaît-on réellement la définition du burn-out et ses signes distinctifs ? Il est parfois compliqué de savoir quand on en souffre, d'en parler autour de soi, et même de se faire prendre en charge avant que la situation n'empire. Cathy Assenheim est psychologue clinicienne, spécialisée en neuropsychologie, et autrice du livre Je suis épuisé !. Elle était l'invitée de Bienfait pour vous sur Europe 1 pour vous donner des conseils sur le surmenage.
Depuis quand remonte le burn-out ?
Si le terme est assez récent, "ça existe depuis toujours", affirme la spécialiste. "Avant, on associait ça au côté dépressif, on parlait d'ailleurs de dépression nerveuse." En réalité, "ça fait une dizaine d'années qu'on commence à en parler en termes de pathologie physiologique", poursuit Cathy Assenheim.
Avant cela, la question se posait différemment. "Il y a aussi eu une évolution de la société qui fait qu'on accorde beaucoup de place au bien-être", dit-elle. Les femmes et les hommes des générations précédentes "ne se posaient pas la question" du burn-out, jusqu'au moment où ils s'écroulaient. "On leur donnait d'autres étiquettes, de maladies diverses et variées", comme la folie ou la dépression.
Comment reconnaître les signes d'un burn-out ?
Pour répondre à cette question, la clinicienne tient à rappeler ce qu'est l'adaptation : "Ce sont des modifications nerveuses et hormonales qu'on fait tous au quotidien", lorsque l'on a faim, soif, ou encore lorsqu'on doit s'attaquer à un problème professionnel ou personnel. "Plus il y a de modifications nerveuses, plus il y a de dérèglements hormonaux."
Le premier stade, c'est donc le surmenage. "Quand on commence un peu à ramer, le système nerveux se surbooste pour donner une espèce de béquille" au corps. Tout un ensemble de symptômes peuvent vous alerter : une excitabilité, un "mode robot", des difficultés à se reposer, des endormissements tardifs ou même des réveils très matinaux.
Une fatigue intense
Au bout d'un moment, la béquille sur laquelle votre corps se repose va commencer à lâcher. Une fatigue de plus en plus intense, comme de grandes insomnies, doivent vous mettre en garde. D'autres symptômes peuvent apparaître : des montées anxieuses, un système immunitaire défaillant, de l'irritabilité, des agacements, des envies de sucre ou encore des symptômes ORL à répétition.
Finalement, plus rien ne fonctionne, et "on reste allongé dans son lit, on ne peut plus se lever, on n'a plus le choix", précise Cathy Assenheim. À ce stade, "même la récupération ne fonctionne plus". On ressent également des difficultés à respirer, puisque le "système nerveux est lié à la respiration". Des troubles de l'audition ou de la vision peuvent aussi apparaître.
Est-ce un laisser-aller ?
Au contraire, insiste la spécialiste, le burn-out n'a rien à voir avec la volonté, "c'est un dérèglement physiologique". Le repos ne sert donc à rien lorsque l'on ressent les symptômes d'un burn-out, puisqu'on est dans l'action permanente. "Il faut faire des examens biologiques et voir l'état du dérèglement", insiste-t-elle.
Autre idée reçue : la supposée faiblesse de la personne concernée. "Ça n'a rien à avoir avec une faiblesse psychologique : au contraire, ce sont souvent les gens qui vont être tout le temps dans l'adaptation." Et tout le monde peut être concerné, adulte comme enfant. Le plus jeune patient de Cathy Assenheim a par exemple huit ans.
Que faire en cas de symptômes ?
On peut se rendre chez un médecin généraliste, avec une nuance, il faut un soignant qui soit "formé à l'analyse des neurotransmetteurs" qui prescrira des "tests salivaires et urinaires qui permettent de voir la fonction surrénalienne et toutes les hormones qui sont liées". Ce sont les indicateurs de l'épuisement, explique encore la psychologue.
Seulement après ces analyses, votre médecin mettra en place un traitement pour réguler les dérèglements. Vous pouvez également essayer de mieux réguler votre sommeil, puisqu'il influence le système nerveux.
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Combien de temps ça dure ?
Quelques semaines de vacances peuvent-elles aider à stopper le processus ? Pour Cathy Assenheim, la réponse est non. "Il faut comprendre que lorsqu'on est en épuisement, ce sont les ressources de fond, donc nerveuse et hormonale qui sont attaquées. Dans les cas les plus légers, quatre à six semaines de relâchement, en travaillant à améliorer son état, peuvent "permettre de sortir la tête de l'eau", précise la spécialiste.
Pour les cas les plus sévères, "il faut trois à six mois" de traitement. Dans tous les cas, un travail psychologique, en plus du traitement physiologique, est vivement conseillé, mais il doit intervenir après la phase aiguë du burn-out.
Comment se soigner ?
Il y a par exemple des plantes naturellement adaptées aux gènes comme le rhodiola, le safran et l'ashwagandha, qui sont des régulateurs du cortisol, l'hormone fabriquée par les glandes surrénales. Une bonne alimentation et un bon sommeil sont par ailleurs nécessaires.
Une activité physique peut également aider, mais "pas d'endurance", détaille Cathy Assenheim, "car on a déjà un système nerveux qui est surboosté, donc on va accentuer ce manque de récupération" si l'on travaille l'endurance. Il y a aussi des horaires "nerveux" à privilégier pour le sport, comme de 8 à 13 heures, ou de 16 à 20 heures.
Entre 13 et 16 heures, la spécialiste vous recommande une sieste "pas trop longue", d'une heure, voir 1h30, "sinon vous dérégler tout votre système nerveux".