Comme c'est déjà le cas dans une vingtaine de pays de l'Union européenne, le cannabis thérapeutique pourrait prochainement être autorisé en France. Le comité d'experts mis en place par l'Agence française de sécurité du médicament (ANSM) juge "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique" pour certains patients et dans des cas précis, dans un avis publié jeudi par l'ANSM. La ministre de la Santé y est elle aussi plutôt favorable.
Composé de 13 personnalités neutres du monde de la santé, ce comité a repris toutes les études sur le sujets, entendus des malades, des médecins, des pharmaciens pour trancher sur la question. Les indications listées par les experts comprennent "les douleurs réfractaires aux thérapies accessibles", "certaines formes d'épilepsies", "des soins de support en oncologie" (cancers), des "situations palliatives" et les contractions musculaires affectant les malades de sclérose en plaques. Le comité "souhaite qu'un suivi des patients traités soit mis en place sous forme d'un registre national pour assurer une évaluation de son bénéfice/risque, qu'une évaluation des effets indésirables soit régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance, et que la recherche soit favorisée".
Pas mis à disposition sous la forme de joints à fumer. Si le comité se prononce clairement pour "une évolution de la législation", il exclut toutefois "la voie d'administration fumée", c'est-à-dire notamment le joint, compte tenu des risques pour la santé. Le joint est jugé trop dangereux, trop toxique, notamment pour les poumons, surtout que l'on s'adresse là à des personnes malades. Un proche du dossier a confié à Europe 1 que dans notre pays, où on commence enfin à voir baisser le tabagisme, ce ne serait pas cohérent.
Donc, ce qui pourrait être autorisé en France, ce serait plutôt la forme orale, par exemple des gélules ou des tisanes ou encore sous la forme inhalée, c'est-à-dire grâce à un système de vapotage. Ensuite ces experts pourraient donner une liste de pathologies éligibles. Devraient y figurer, les soins palliatifs et aussi plusieurs maladies neurologiques comme la sclérose en plaque, en tout cas des maladies qui provoquent des douleurs résistantes aux traitements classiques.
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De nombreuses questions en suspens. L'avis de ce comité constitue une première étape en vue de la légalisation du cannabis thérapeutique mais le chemin est encore long avant la mise sur le marché de substances médicales, précise l'ANSM. De nombreuses questions doivent encore être tranchées : qui pourra le prescrire ? Est-ce que les malades pourront se le procurer dans les pharmacies ou directement chez le producteur comme au Canada ? Le cannabis sera-t-il remboursé comme en Allemagne, ou à la charge du malade comme aux Pays Bas ?
Ce comité d'experts a encore six mois pour travailler sur ces questions. Et la loi devra, elle aussi, être modifiée. Résultat : pour être soulagé grâce à un cannabis médical légal, les patients devront encore attendre au moins jusqu'à la fin de l'année 2019.