Pourquoi l’Etat va réquisitionner cinq médicaments de réanimation
Alors que la menace d'une pénurie se profile pour certains anesthésiants, en raison du très grand nombre de malades toujours placés en réanimation, l'Etat va en centraliser les commandes à partir de lundi, de manière à en gérer la redistribution entre les hôpitaux, via les Agences régionales de santé.
Les autorités sanitaires redoutent une pénurie, d'ici sept à quinze jours, pour certains médicaments essentiels en réanimation. Plusieurs sédatifs, ou curares, font déjà défaut dans certains hôpitaux en raison de l’épidémie de Covid-19 . Le gouvernement va donc réquisitionner à partir de lundi prochain cinq de ces médicaments : deux hypnotiques, le Midazolam et le Propofol, et trois curares, l’Atracurium, le Cisatracurium, et le Rocuronium, pour les redistribuer ensuite, comme il le fait déjà pour les masques.
Le manque de certains hypnotiques, cet anesthésiste en réanimation le constate déjà dans son hôpital de la Marne : "On peut les remplacer par d’autres anesthésiques, et même si on n’a pas l’habitude de les utiliser, on s’adapte. On fait avec ce que l’on a", explique-t-il à Europe 1. "On essaye de cibler les médicaments les plus indispensables, pour les personnes qui en ont vraiment besoin."
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Une demande multipliée par mille pour certains médicaments
Cette tension sur le Midazolam, le Propofol et les curares s'explique par le très grand nombre de patients toujours en réanimation, dans le monde entier, et le fait qu'ils y restent longtemps. La demande pour certains produits a été multipliée par mille, indique Frédéric Collet, le président de la Fédération des entreprises du médicament. "Nous avons, sur certains sites, augmenté par 40, voire 50 notre capacité de production en faisant tourner nos sites sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Sur certains traitements, nous avons livré en une semaine ce qu’on livre habituellement en un an ! Songez qu’on a environ 2,5 millions de patients concernés, dans 190 pays..."
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Une redistribution assurée par les ARS
Et le gouvernement va donc, à partir lundi prochain, centraliser les commandes pour les hôpitaux français. Cette stratégie a connu quelques couacs avec les masques On se souvient des batailles entre régions se piquant des masques sur le tarmac de l’aéroport de Bâle-Mulhouse , mais pour le secrétaire général de la Société française d’anesthésie et de réanimation, le professeur Pierre Albaladejo, cette méthode "a plus d’avantages que d’inconvénients, car le gouvernement a une force de frappe en termes de négociation avec les laboratoires qui est plus importante." Il ajoute : "La redistribution se fera ensuite par les Agences régionales de santé, en fonction du nombre de patients et du stock de médicaments de chaque hôpital."
Or les besoins ne sont pas prêts de baisser : il va aussi falloir reprendre, bientôt, les opérations décalées jusqu'ici, hors personnes touchées par le coronavirus et qui nécessitent aussi des anesthésiques.