Si un dixième de la population mondiale est obèse, l'obésité et le surpoids des adultes se stabilisent en France pour la première fois, selon une étude publiée lundi dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine. Une évolution positive, mais qui reste fragile.
Une courbe stable. Contrairement aux États-Unis où le nombre de personnes en surpoids a bondi de plus de 10 points en trente ans (passant de 16% à 26,5%), la courbe française de surpoids s'est stabilisée. Selon une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France mardi, 49% des adultes étaient en surpoids en 2015 contre 49,3% en 2006, soit un sur deux.
Les nombreux plans de santé publique type "5 fruits et légumes par jour" ou "mangez, bougez" y sont sans doute pour quelque chose, bien que leur impact ne soit pas connu précisément. D'autres mesures ont été prises par les pouvoirs publics comme l'interdiction des fontaines de soda dans les restaurants et établissements scolaires, effective en janvier 2017. Le surpoids des enfants est lui aussi stable avec 16,9% des 6-17 ans en surpoids en 2015 et 3,9% obèses, contre 17,6% et 3,3% en 2006.
Des inégalités sociales. Mais la prise de conscience des conséquences de l'obésité sur la santé, responsable de quatre millions de décès par an, sera encore longue. D'ailleurs, les messages de santé publique semblent avoir plus d'effets dans les couches aisées de la population que dans les catégories défavorisées. Par exemple, un médecin de santé publique a dépisté un adolescent de 15 ans qui pesait plus de 100 kilos et qui n'avait pas vu de médecin depuis des années, a-t-il raconté à Europe 1. Sans avis médical, le jeune garçon n'avait jamais pris conscience de son poids.
Selon le rapport 2017 sur "l'état de la santé de la population en France", 12,7% des enfants de cadres étaient en surpoids ou en situation d'obésité quand c'était le cas de 20% des enfants d'employés et 21,5% pour ceux des ouvriers.
La bataille n'est pas gagnée. Selon certains nutritionnistes, il ne faut pas crier victoire trop vite. La pollution atmosphérique semble être un facteur de prise de poids, selon des études encore en cours, de même que les perturbateurs endocriniens. Si elle s'est stabilisée depuis 2010, la courbe pourrait donc repartir à la hausse dans les années à venir.
Une augmentation de la maigreur des enfants. À l'inverse de ce phénomène, la maigreur enfants et tout particulièrement des jeunes filles inquiète. Selon l'étude de l'agence Santé publique France, le taux de jeunes filles entre 11 et 14 ans considérées comme "maigres" est passé de 8 à 13% ces dix dernières années. On ne parle alors pas d'anorexie (qui représente un stade 3), mais de maigreur relative (stade 1, sous les seuils de normalité) calculée grâce à l'indice de masse corporelle. Des chiffres qui sont préoccupants.
L'influence des défis sur Internet ? "Nous n'avons pas d'explication particulière, il faudrait creuser davantage et regarder par niveau socio-économique", a déclaré Benoît Salanave, épidémiologiste de l'unité de surveillance nutritionnelle de Santé publique France. On peut néanmoins entrevoir l'influence de certains éléments comme des comportements alimentaires liés à la pauvreté ou à l'image de la femme déformée par les magazines ou encore des réseaux sociaux.
Les défis de maigreur ont fleuri sur Internet ces dernières années. C'était le cas par exemple du "A4 challenge" où les jeunes filles essayaient d'avoir la taille aussi fine qu'une feuille de papier de format A4 ou encore la mode du "thight gap", le fait d'avoir les cuisses qui ne se touchent pas.