Le cancer du sein entraîne-t-il directement une reconstruction mammaire via une prothèse ? C'est la thèse contre laquelle s'est dressé Oren Marco, mardi, dans Bienfait pour vous sur Europe 1. Le chirurgien plasticien explique qu'à l'heure actuelle, une reconstruction mammaire ne passe plus systématiquement par cette technique, avec désormais l'emploi de tissus qui appartiennent à la patiente. Un moyen d'éviter les problèmes trop souvent rencontrés avec une prothèse, défend le spécialiste au micro de Mélanie Gomez et Julia Vignali alors que le mois d'octobre correspond à une sensibilisation sur le cancer du sein.
"On parle beaucoup de prévention du cancer du sein en ce mois d'octobre. J'avais envie de parler des techniques de reconstruction mammaire parce qu'il n'y a pas assez de femmes qui se font reconstruire après un cancer du sein. Le cancer du sein touche quand même un peu plus d'une femme sur dix en France et toutes les femmes qui sont touchées ne se font pas reconstruire.
La prothèse était quelque chose qu'on était vraiment de manière quasi-systématique avant, mais on avait des problèmes quand il y avait des irradiations du sein. Auparavant, on pouvait avoir des seins qui se raidissaient avec des prothèses un peu douloureuses et on n'avait pas une symétrie très jolie avec le sein latéral qui n'était pas touché.
Des prélèvements ailleurs sur le corps
Maintenant, on utilise plutôt ce qu'on appelle des tissus autologues, c'est-à-dire qu'on va utiliser les propres tissus du patient. On a la technique de lambeau : on va prélever sur une autre partie du corps. Dans le dos, il y a le lambeau de muscle, du muscle grand dorsal. Et sur le reste du corps, le plus commun, c'est le DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator), c'est-à-dire qu'on va prendre la peau du ventre avec le tissu graisseux et on rebranche les vaisseaux. Ce sont des techniques de microchirurgie.
On rebranche les vaisseaux abdominaux au niveau thoracique et on peut recréer un sein avec une forme et un galbe qui est très naturel, sans prothèses du tout, avec ce DIEP lancé il y a plusieurs années. Maintenant, on prélève également la face interne de la cuisse ou bien une zone au niveau de la fesse. Effectivement, il y a une zone qui est donneuse où il y aura une cicatrice. Mais en fonction de la morphologie de la patiente, on peut choisir tel ou tel lambeau. Quand vous faites un lambeau, c'est une opération, et on en parle plus.
L'arérole, une zone particulière
Il y a aussi un essor actuel des injections de graisse. L'avantage, c'est qu'on n'a pas de cicatrice de zone donneuse. Les interventions, sont multiples, c'est-à-dire que vous vous faites opérer plusieurs fois, mais de très courtes interventions. C'est pour des patientes qui ont une morphologie assez fine, avec un petit peu de gras, mais pas forcément beaucoup de peau en trop. On peut donc prélever la graisse, on purifie la graisse, on la centrifuge et elle devient transférable.
Pour l'aérole, pendant très longtemps, ça a été des greffes de peau qu'on prélevait au niveau de la face interne de cuisse. On reconstruisait aussi le mamelon en faisant un petit lambeau. Souvent, les cancers se trouvent derrière l'arérole, un endroit assez touché. Maintenant, on a des dermopygmenteuses ou des tatoueuses. Ce sont des techniques qui sont formidables et ça permet aussi aux patientes de passer à autre chose. Vous avez été opérée, vous ne retournez pas encore à l'hôpital pour faire l'aréole. Au moins, vous allez dans un cadre un peu différent. Psychologiquement, c'est très sympa."
Bientôt un traitement contre le cancer du sein "triple négatif"
Le ministre de la Santé a annoncé mardi qu'un nouveau traitement prometteur contre une forme agressive du cancer du sein, dite "triple négatif", serait autorisé et disponible en France à compter du 1er novembre. "Il existe enfin un traitement prometteur produit par un laboratoire américain, qu'on appelle le Trodelvy", a souligné Olivier Véran lors de la séance de questions à l'Assemblée.
"La France a été le premier pays européen à pouvoir en faire bénéficier quelques patientes en attendant que la production soit plus importante; je peux vous confirmer qu'il sera autorisé en accès précoce et disponible en France à compter du 1er novembre 2021", a poursuivi le ministre, parlant d'une "bonne nouvelle".
Le Trodelvy est un traitement par anticorps conjugué à une chimiothérapie, fabriqué par le laboratoire Gilead. Forme particulièrement agressive de la maladie, le cancer du sein triple négatif est le moins fréquent, mais représente environ 15% des cas, soit quelque 9.000 personnes chaque année. La HAS a accordé une autorisation d'accès précoce au Trodelvy pour un an.