C'est un dictionnaire pas vraiment comme les autres. Le principe ? Expliquer de manière précise ce qui, dans chaque sport, peut aider dans le domaine de la santé. Prévenir un AVC grâce au rugby, se relever d'un cancer grâce à l'escrime ou juguler son diabète avec un vélo… Le Médicosport-santé, qui vient d'être mis en ligne par le comité olympique français, codifie avec une précision inédite les apports des sports face aux maladies. A qui est destiné cet ouvrage ? Que contient-il ? Va-t-il évoluer Par qui a-t-il été écrit ? Europe 1 fait les présentations.
Un ouvrage évolutif. La première version, actuellement disponible en ligne, recense une trentaine de disciplines sportives. Elle explique en quoi ces disciplines peuvent être utiles face à trois types de maladies : cardiovasculaires, cancers et maladies liées au métabolisme (diabète ou obésité par exemple). Pour l'heure, cette première version, très technique, est avant tout destinée aux professionnels de santé. Elle doit être enrichie avec de nouveaux sports et de nouvelles maladies entre 2016 et 2017. Mais une version grand public doit également être éditée par les éditions "Vidal", cette année ou l'an prochain.
Telle maladie, tel sport. Le Médicosport-santé concerne en premier lieu les malades qui pratiquent déjà un sport, pour les aider à adapter leur activité à leur maladie. Finis les conseils vagues tels que "30 minutes de sport par jour" ou "évitez les ascenseurs"... Les recommandations sont désormais beaucoup plus précises et ciblées. "Si vous voulez faire de la natation, et que vous avez telle maladie, on va vous dire précisément combien de temps vous pourrez nager, à quelle fréquence etc", explique à Europe 1 Alain Calmat, ancien champion du monde de patinage, pilote du projet.
Mais ce dictionnaire vise aussi à aiguiller les gens vers les sports qui pourront les aider à combattre et/ou prévenir précisément une maladie. On y apprend ainsi que la natation ou le vélo (les sports "non portés", où l'on ne touche pas terre) sont efficaces pour combattre les problèmes locomoteurs ou le diabète. On peut aussi y lire que l'escrime est particulièrement conseillée pour des femmes opérées d'un cancer du sein. "Il faut que la main qui tient le sabre soit du côté du sein opéré. Cela travaille les articulation et la musculature", décrit Alain Calmat. Les arts martiaux, comme le karaté et le Taï Chi, peuvent aussi aider les cancéreux en rémission. Le tennis, pratiqué selon un protocole précis, va également amoindrir les risques d'accident cardio-vasculaire.
"Il faut toutefois aller voir son médecin avant de prendre une initiative. Cet ouvrage a notamment pour but d'informer les médecins, qui pourront orienter les patients", précise l'ex-champion du monde. Car il y a aussi des choses à ne pas faire, comme éviter les accélérations soudaines lorsqu'on a un problème cardiaque par exemple.
Des sportifs et des médecins à la manœuvre. L'ouvrage collecte les conseils de chaque commission médicale des fédérations sportives participantes, réunissant des médecins, des techniciens sportifs, des dirigeants de fédération voire même des sportifs. Ont également été associés des experts de chaque maladie, qui ont été mis en contact avec ces commissions médicales. La Société française de médecine, de l’exercice et du sport (SFMES) a elle aussi participé à l'ouvrage.
Reste à savoir comment les médecins accueilleront ce livre et ses développements futurs. Présenté devant l'Académie de médecine il y a, selon nos informations, été "globalement bien reçu" même si jugé "insuffisant" en son état actuel.