Confier de nouvelles "missions" aux infirmiers, revoir leur formation et leurs perspectives de carrière : le ministre de la Santé, François Braun, a promis vendredi aux soignants une "refondation du métier" censée "aboutir en septembre 2024". "Investir dans l'avenir de cette profession est une nécessité", a-t-il affirmé en clôture d'un colloque sur le métier d'infirmier organisé au ministère, ajoutant que "cette refondation devra aboutir en septembre 2024". Face à la pénurie chronique de soignants, le premier objectif est de les attirer et de les conserver "en leur ouvrant le champ des possibles".
"Passer à une approche plus agile"
Le décret qui définit les actes infirmiers, et qui n'a pas été modifié depuis presque vingt ans, sera donc revu de fond en comble pour "passer à une approche plus agile, autour de grandes missions". Cela permettra par exemple de donner aux soignants "toute la latitude nécessaire" pour prendre en charge des plaies chroniques, a indiqué François Braun, évoquant aussi d'autres évolutions autour de l'insuffisance cardiaque et de l'addictologie.
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La formation des futurs infirmiers sera également "repensée", pour juguler la "trop forte déperdition des étudiants", 10% abandonnent dès la première année, en développant le tutorat "durant les stages", mais aussi l'apprentissage "dès la rentrée prochaine". Répétant son intention d'interdire l'intérim aux jeunes diplômés, le ministre a cependant souhaité "donner une nouvelle impulsion" aux carrières des soignants, en s'appuyant sur le statut d'infirmier de pratique avancée (IPA) créé en 2016.
"L'objectif est d'atteindre la barre des 5.000 soignants plus qualifiés"
Ces soignants plus qualifiés dans certains domaines (cancer, dialyse, psychiatrie) sont actuellement moins de 2.000 et "l'objectif est d'atteindre la barre des 5.000" d'ici la fin de l'année prochaine, a rappelé François Braun. Cela ne concernera toutefois qu'une minorité des 637.000 infirmiers, salariés et libéraux, en activité dans le pays, selon les derniers chiffres remontant à début 2021. En déplacement dans l'après-midi à l'hôpital d'Eaubonne (Val-d'Oise), le ministre a ouvert la porte à une autre forme de reconnaissance pour la profession : le "chantier" des salaires reste "sur la table", a-t-il déclaré à l'AFP. Trois ans après la "Ségur de la santé", qui a permis de "passer de 1.700 à 2.100 euros en début de carrière, ce qui est loin d'être négligeable", François Braun a estimé qu'il fallait "ouvrir sur d'autres étapes".
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Chez les libéraux, en revanche, la négociation avec l'Assurance maladie réclamée par les syndicats n'est pas à l'ordre du jour, mais "la question de l'inflation se pose, comme pour toutes les professions de santé, et je suis en train d'y réfléchir", a-t-il indiqué. Pour les élèves infirmiers, enfin, François Braun s'est dit "entièrement ouvert" à "discuter d'aides pour ceux qui n'ont pas les moyens" de financer leurs trois années de cursus, en lien avec les régions. "La moitié des étudiants viennent de quartiers populaires", a-t-il souligné, saluant "un formidable outil d'ascenseur social".