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13 décès, 90 cas recensés en janvier... Pourquoi les méningites explosent-elles en ce début d’année ?

Marina Sgard et Romain Rouillard . 3 min
L'explosion de la méningite à méningocoques inquiète les autorités sanitaires.
L'explosion de la méningite à méningocoques inquiète les autorités sanitaires. © Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La France fait face à une recrudescence des contaminations de méningites après des années de baisse. Une vaste campagne de vaccination a d’ailleurs débuté depuis lundi 3 mars à Rennes, où plusieurs cas ont été détectés depuis décembre.

Une recrudescence de cas assez alarmante. Depuis le début de l'année en France, et particulièrement dans la région de Rennes où une campagne de vaccination massive a été lancée depuis le 3 mars dernier, le nombre de méningites explose. Elles sont liées à une circulation accrue d'infections invasives à méningocoques pouvant provoquer une méningite, mais aussi des septicémies ou des symptômes gastro-intestinaux, précise Santé publique France. 

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La bactérie circule activement à Rennes et notamment dans la population jeune et étudiante. Près de 100.000 jeunes de 15 à 24 ans sont invités à se faire vacciner contre la méningite en Ille-et-Vilaine, a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne. Depuis le début du pic de l’épidémie, l’infection qui s’attaque à la moelle épinière et au cerveau a déjà fait une victime, une jeune femme de 18 ans.

À l'échelle nationale, le nombre d'infections recensées a été particulièrement élevé en janvier 2025 avec 90 cas et 13 décès, selon Santé publique France. Un pic qui s'inscrit dans une continuité par rapport à 2024 où 615 cas d'infections invasives à méningocoques ont été déclarées, soit le chiffre le plus important sur une année depuis 2010.

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Fin des gestes barrières, une grippe virulente... 

Mais comment expliquer ce phénomène ? "On assiste à une augmentation progressive du nombre de cas depuis 2021-2022", observe Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré. Une période qui correspond à l'essoufflement de la pandémie de Covid-19. "La méningite est une maladie à transmissions contre laquelle le port du masque a pu agir". Le recul des gestes barrières a ainsi pu contribuer à la résurgence d'une infection loin d'avoir disparu. "Pendant cette période, les autres maladies infectieuses étaient beaucoup moins une priorité en termes de santé publique", ajoute l'infectiologue. 

Plus nombreuses, les méningites diagnostiquées ces dernières années sont également plus virulentes. "On a observé l'apparition, avec une dynamique très forte, d'autres types de méningocoques que l'on connaissait moins bien en France et en Europe. Ce sont les souches W et Y qui sont associées à une morbidité beaucoup plus forte. On en estime le niveau de mortalité à 20-25%", détaille Benjamin Davido. 

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Pour le ministre de la Santé, cette recrudescence de cas d’infections invasives à méningocoques "est une conséquence de l'épisode de grippe qui a été assez violent, assez important" et a pu rendre les organismes "plus perméables au fait de développer du méningocoque". Ce que confirme le professeur Davido. "Ce virus prédisposant a fait le lit d'infections particulièrement sévères. Il a servi de toboggan, de propulseur au portage de cette bactérie qu'est le méningocoque. D'ailleurs, il est démontré que la vaccination contre la grippe réduit les infections pneumococciques".

D'autant que, de façon plus inhabituelle qu'à l'accoutumée, la grippe a particulièrement circulé auprès des jeunes, voire des très jeunes cette année, c'est-à-dire auprès du public le plus vulnérable face aux infections à méningocoques. 

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Vers un élargissement de la vaccination ?

Face à cette explosion de cas, la Haute autorité de santé a décidé d'adapter ses recommandations vaccinales en souhaitant en élargir l'obligation. Depuis le 1er janvier, tous les bébés de moins d'1 an ont l'obligation de recevoir le vaccin contre les cinq souches de méningocoques : A, B, C ainsi que W et Y, responsables d'infections particulièrement virulentes. La HAS souhaite étendre cette obligation aux enfants jusqu'à 2 ans et appelle à lancer une vaste campagne de vaccination contre les souches ACWY pour immuniser les 15-24 ans. 

"Il est évident qu'il faudra tirer les conséquences de l'évolution de cette infection dans une ère post-Covid avec la levée des gestes barrières et la mise à disposition de vaccins. Devons-nous rester les bras ballants ou bien essaie-t-on d'écraser une maladie pour laquelle nous avons un arsenal extrêmement large ?", s'interroge Benjamin Davido qui appelle de ses vœux à la vaccination contre cette maladie "qui va toucher, voire tuer, ou créer des séquelles chez des jeunes gens en bonne santé".