Jeudi, à 23 heures (heure de Paris), aura lieu un nouveau lancement d’une Ariane 5, à partir du Centre spatial de Kourou, en Guyane. Elle placera en orbite deux satellites de télécommunication. Mais le lanceur européen se fait vieux et coûte surtout cher par rapport à ses concurrents. D’où le projet de construire Ariane 6, prévue pour 2021. L’Agence spatiale européenne (ESA) tranchera, selon les Echos, lors d’une réunion le 17 septembre prochain.
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Une Ariane 6 en deux versions ? C’est un lanceur modulable qu’ont proposé le 4 septembre les experts du Centre national d’études spatiales aux représentants de l’ESA. Sur le modèle d’Ariane 4, Ariane 6 serait en effet équipée de manière différente selon qu'elle transporte de gros ou de petits satellites.
Une première version, Ariane 6-2, avec deux boosters à poudre, serait capable de mettre en orbite cinq tonnes pour 75 millions d’euros. La deuxième version, Ariane 6-4, grâce à quatre boosters, transporterait 11 tonnes pour 90 millions d’euros. Le premier et le deuxième étages seraient communs aux deux modèles avec une version améliorée de l’actuel moteur d’Ariane 5 et un moteur Vinci.
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Les Allemands, pas emballés par un nouveau lanceur. Le 17 septembre prochain, lorsque l’ESA devra trancher sur la viabilité d’une Ariane 6 modulable, c’est l’Allemagne qu’il va falloir convaincre. Selon un spécialiste du milieu interrogé par le Figaro, Berlin "ne veut pas d’Ariane 6 et ne veut financer que l’amélioration de performance d’Ariane 5ME". Ariane 5ME est une version améliorée d’Ariane 5. Les études sont bouclées et son premier tir est prévu pour 2018, soit deux ans avant celui d’Ariane 6.
En 2006, un décollage d'Ariane 5 de Kourou, en Guyane :
Pourquoi Ariane 5 est obsolète. Si Ariane 6 va probablement chasser Ariane 5, ce n’est pas pour des questions de performance. Pour preuve, les 60 lancements d’affilé conclus avec succès par l’actuelle Ariane. C’est en fait la concurrence de l’américain Space X qui remet en cause notre lanceur européen. Fabricant du lanceur Falcon 9 depuis 2013, il fait du "low-cost" en réutilisant des pièces de la Nasa. Son tarif ? 61 millions d'euros pour lancer un petit satellite alors qu'Ariane 5 flirte avec les 80 millions de dollars.
"Un enjeu économique et politique". "Les Européens ont-ils envie de garder leur indépendance spatiale ?", se demande Alain Cirou. L' expert astronomie d'Europe 1 souligne l'enjeu politique qui se cache derrière Ariane 6 : "des pays dans l'UE ne voient pas l'intérêt d'une nouvelle fusée. Ils proposent plutôt d'utiliser des lanceurs étrangers". Mais l'enjeu est aussi économique : "est-on capable de construire un lanceur à la fois efficace et compétitif comme l'est le Falcon de Space X ? ", questionne Alain Cirou. Rien n'est moins sûr puisque deux autres projets d'Ariane 6 ont déjà été rejetés par les ministres européens en juillet car jugés trop chers.
Ariane, un leader solide malgré tout. Malgré le succès rencontré par l'américain Space X, Ariane 5 reste le lanceur le plus plébiscité avec 60% de parts de marché et un carnet de commandes de 4,5 milliards d’euros. L’opérateur européen propose aussi depuis quelques mois des tarifs plus attractifs sur le lancement de satellites de petites tailles.
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