Taille de l'objet, risque de collision... Faut-il s’inquiéter de l’astéroïde 2024 YR4 qui se rapproche de la Terre ?
Identifié pour la première fois dans l'espace en décembre dernier, l’astéroïde 2024 YR4 a depuis été étudié minutieusement par les scientifiques des agences spatiales américaine et européenne. Leurs calculs ont notamment abouti sur une probabilité qui semble, de prime abord, inquiétante. On fait le point.
Les dernières observations enregistrées par la NASA et l'ESA rappellent inéluctablement le scénario catastrophe d'un film de science-fiction. L’astéroïde 2024 YR4, aussi large qu'un terrain de football, a été aperçu le 27 décembre dernier par l’observatoire de Rio Hurtado, au Chili.
2024 YR4, actuellement situé à environ 43 millions de kilomètres de distance de la planète, se rapproche. Le 22 décembre 2032, il devrait se trouver à environ 106.200 kilomètres de la Terre, rapporte le Centre d'études sur les NEO de la NASA (CNEOS). En tenant compte des incertitudes orbitales, il est aussi possible qu'il heurte la Terre.
1 chance sur 83 de frapper la Terre
L'analyse, fondée sur 245 observations réalisées du 25 décembre 2024 au 28 janvier 2025, informe la NASA, débouche sur une estimation : il y a plus de 1 % de chance que l’astéroïde frappe la Terre le 22 décembre 2032, soit une chance sur 83 selon la Nasa et une sur 88 selon l'ESA.
Mais "il faut être très vigilant sur l'interprétation de cette probabilité", prévient Patrick Michel, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur et membre du Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN), formé sous l’égide des Nations unies. L'estimation de la probabilité d'impact peut en effet encore bouger, étant donné que sa "trajectoire est toujours irrégulière", explique-t-il pour Europe 1.
Par ailleurs, si "c'est la première fois qu'on a un seuil aussi élevé, ça ne veut pas dire que c'est plus dangereux que pour un autre astéroïde", souligne l'astrophysicien, auteur de À la rencontre des astéroïdes, aux éditions Odile Jacob. Par ailleurs, "ce genre de cas va augmenter", pas parce que le nombre d’astéroïdes se rapprochant de la Terre va augmenter, mais tout simplement parce les "télescopes sont plus performants".
Priorité numéro 1
La catégorie 3 de l'échelle de Turin a tout de même été déclenchée ce lundi, au regard de la taille de l'objet et du risque mesuré sur l'échelle de temps. En astronomie, cette méthode lancée en 1999 permet de catégoriser des objets selon les risques d'impacts pouvant occasionner des destructions localisées, à l'échelle d'une ville.
Même s'il y a plus de chance qu'un objet tombe dans une zone déserte, un autre facteur est à prendre en considération : "les zones urbaines ont tendance à s'étendre", relate le chercheur.
Devenu la priorité numéro 1 du Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN), 2024 YR4 permet surtout à la communauté scientifique internationale de tester sa capacité à se coordonner dans les "cas réels", pour "vérifier qu'on est aussi efficace à tirer le maximum d'informations". Ce type d'opération permet de se protéger sur le long terme, relate Patrick Michel.
2024 YR4 répond ainsi aux critères pour mettre en œuvre un ensemble d'actions coordonnées à l'international, la première étant de suivre attentivement cet objet "pour vérifier que cette probabilité perdure", puisque la zone d'incertitude est encore grande avant 2032. Comme l’astéroïde ne sera plus observable à partir du mois d'avril et jusqu'à 2028, les chercheurs, qui vont par ailleurs mobiliser le télescope James Webb en mars, doivent réagir vite.