Les pesticides néonicotinoïdes, déjà accusés de s'attaquer au système nerveux des abeilles, altèrent aussi le sperme des mâles, ce qui contribue potentiellement à la baisse du nombre de ces pollinisateurs, ont indiqué des chercheurs mercredi dans une étude publié dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.
"Effets contraceptifs involontaires". L'usage massif des néonicotinoïdes, qui seront interdit en France à partir de 2018, pourrait avoir "des effets contraceptifs involontaires" sur les abeilles dont l'action de fertilisation sur les cultures est évaluée à plusieurs milliards de dollars chaque année, selon cette étude. Les chercheurs ont divisé les abeilles en deux groupes : l'un nourri avec du pollen contenant des concentrations de deux néonicotinoïdes, et un autre recevant de la nourriture sans pesticides.
"Viabilité réduite du sperme". Au bout de 38 jours, le sperme des abeilles mâles (dont la fonction principale est de féconder la reine) a été prélevé et analysé. Les résultats "ont clairement montré (...) une viabilité réduite du sperme" dans le premier groupe, la viabilité se définissant comme le pourcentage de sperme vivant par rapport au sperme mort, selon l'étude.
Chute des effectifs des colonies. Les reines s'accouplent pendant une durée très brève mais avec de nombreux mâles, dans une sorte d'orgie, avant de stocker le sperme pour le reste de leur vie fertile. En Europe, en Amérique du Nord et ailleurs, un mystérieux "syndrome d'effondrement des colonies" décime les abeilles, phénomène inquiétant puisque 80% de la pollinisation des végétaux par les insectes est le fait des abeilles. Cette dépopulation est attribuée selon les cas à des parasites, à un virus, à un champignon, aux pesticides ou à une combinaison de ces facteurs. La baisse de la qualité du sperme s'ajoute donc désormais à la liste des causes possibles, d'après cette étude.