Plus de la moitié des océans est exploitée par de grands chalutiers industriels, en particulier battant pavillon chinois, selon une étude publiée jeudi qui se base sur des observations depuis l'espace, une première.
Une estimation potentiellement en-deçà de la réalité. Les scientifiques, dont les conclusions sont présentées dans la revue Science, ont utilisé des données satellites pour traquer la pêche industrielle et ont conclu qu'au moins 55% de la surface des océans dans le monde était ratissée. Mais "la superficie totale pêchée est probablement plus élevée", potentiellement jusqu'à 73%, car certaines parties du monde ne sont pas visibles faute de bonne couverture satellite.
Cinq gros pêcheurs. Les navires de cinq pays - Espagne, Taïwan, Japon, Corée du Sud et Chine - représentent plus de 85% des grands chalutiers industriels. La moitié battent pavillon chinois. "Les hommes pêchent dans les océans de la planète depuis 42.000 ans mais, jusqu'à maintenant, nous n'avions pas vraiment de vue d'ensemble sur où et quand les gens pêchaient", a souligné David Kroodsma, directeur recherche et développement de l'ONG américaine Global Fishing Watch. Les importants sites de pêche "ont été observés dans le nord-est de l'Atlantique et le nord-ouest du Pacifique, ainsi que dans les régions riches en nutriments au large de l'Amérique du Sud et de l'Afrique de l'Ouest", selon les observations.
Les petits navires pas recensés. Ces données, visibles sur un site Internet ad hoc, proviennent uniquement de grands navires équipés du Système d'identification automatique (SIA), qui fournit leur position par satellite afin d'éviter les collisions. Par conséquent, "les petits navires qui attrapent la plupart des poissons capturés dans le monde, sur les eaux côtières, ne sont pas recensés car ils n'ont pas de transmetteurs satellites", a relevé Daniel Pauly, professeur à l'université canadienne de Colombie-Britannique, qui n'a pas participé à l'étude.
Pour une pêche durable. Le recueil de milliards de messages du SIA provenant des chalutiers industriels entre 2012 et 2016 a montré que la surface de la planète concernée par la pêche était quatre fois plus importante que la surface cultivée pour l'agriculture. Selon Daniel Pauly, les données recueillies pourraient aider à façonner les règles internationales pour réduire la pêche illégale. "Je pense que l'on peut pêcher dans les océans de manière beaucoup plus durable que la façon dont on pêche actuellement, et cette information peut aider en cela", a relevé David Kroodsma.
L'industrie de la pêche représente 160 milliards de dollars (130 milliards d'euros). Les experts estiment que près d'un tiers des stocks mondiaux sont prélevés des océans à un rythme insoutenable.