Près d’un cinquième des reptiles sont directement menacés d’extinction, d’après une étude d’envergure internationale réalisée par une vingtaine de chercheurs, et parue le 27 avril dans la prestigieuse revue scientifique Nature. Un désastre écologique qui menace très sérieusement la santé de nos écosystèmes.
Un environnement de plus en plus sensible
Serpents, lézards et tortues jouent en effet un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes. Sans eux, par exemple, les rongeurs, en surnombre, détruiraient nos récoltes. Les reptiles nous aident également dans la recherche médicale. Le venin des serpents Mamba constitue, ainsi, un antidouleur très prometteur, encore plus puissant que la morphine !
Mais la préservation de ces animaux ne doit pas seulement être justifiée par les services qu’ils nous rendent. Les reptiles font également vivre la diversité génétique, alerte le chercheur au CNRS et au Centre d'Etude biologique de Chizé, Olivier Lourdais : "L'intérêt de ces organismes n'est pas qu’utilitaire, parce qu’ils font partie de la biodiversité", insiste-t-il.
"Il est important de les préserver comme tels, pour éviter un phénomène de déclin majeur comme ceux en cours, qui risquent de simplifier notre environnement - en l’appauvrissement en matière de diversité biologique”, souligne Olivier Lourdais. “Cela aura pour conséquence de le rendre beaucoup plus sensible aux perturbations à venir, et de nous menacer, directement, les humains".
Des forêts rasées au rythme de dix terrains de football par minute
Les reptiles disparaissent surtout des forêts tropicales. En 2021, celles-ci ont été rasées au rythme de dix terrains de football par minute, en particulier au Brésil.
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En France également, vipères et lézards se font rares. C’est d’ailleurs l’objet d’une étude menée en Loire-Atlantique, à laquelle Olivier Lourdais a participé, et qui devrait paraître dans les prochains jours. "En l'espace de vingt ans, on a 92 % de réduction pour la vipère péliade et 74 % pour le lézard vert", révèle-t-il. "Ces deux espèces étaient bien présentes initialement, grâce aux lisières, aux bordures de boisements et aux bords de haies”, explique le chercheur. “Mais la dégradation de ces milieux est le facteur majeur responsable du déclin de ces espèces, en raison de pratiques agricoles intensives, comme celles du maïs", poursuit-il.
Une agriculture réintégrant des éléments de paysages semi-sauvages, comme les haies qui bordaient auparavant les champs, est donc à privilégier si l’on veut retrouver nos reptiles.