Un collectif de 110 personnalités, dont les intellectuels Pierre Rosanvallon et Élisabeth Badinter, réclame une "réforme urgente" des lois de bioéthique concernant la gestation pour autrui (GPA), dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde, à la veille de l'ouverture des États généraux de la bioéthique. Prévus jusqu'au 7 juillet, les débats de cette vaste concertation nationale de citoyens et d'experts nourriront un projet de loi bioéthique déposé à l'automne, alors que le président de la République Emmanuel Macron s'est toujours dit opposé à la légalisation de la GPA.
"On ne peut plus ignorer" les enfants par GPA. "Les enfants nés par le recours à la GPA sont là (...), on ne peut plus les ignorer comme des fantômes et faire comme s'ils n'existaient pas", estiment les signataires, qui se présentent comme des associations de lutte contre l'infertilité et des citoyens engagés en faveur de l'égalité des droits. Ils demandent "la transcription intégrale à l'état civil français de la filiation de l'enfant établie légalement à l'étranger à l'égard de ses parents", ce qui n'est pas autorisé en France, plusieurs fois condamnée à ce sujet par la Cour européenne des droits de l'homme.
Pour l'élaboration d'une "convention internationale sur la GPA". Conscients des "dérives de la GPA et les mafias qui en profitent", les signataires prônent l'élaboration d'une "convention internationale sur la GPA", sur le modèle de la convention de la Haye qui encadre l'adoption internationale et lutte contre le trafic d'enfants. Selon eux, l'heure est venue d'un débat "serein, argumenté et informé" d'autant que "l'opinion est prête". Les signataires se réfèrent à un sondage Ifop publié début janvier et indiquant que 64% des Français se disent favorables à la légalisation de la GPA dont 18% "dans tous les cas" et 46% "pour des raisons médicales seulement".