Au procès des attentats du 13-Novembre, les enquêteurs continuent de défiler à la barre en cette deuxième semaine d'audience. Après un résumé de l'enquête tentaculaire qui a duré quatre ans, ce sont maintenant les premiers instants, juste après les attentats, qui sont décortiqués, avec en premier lieu les scènes de crime des lieux attaqués. Le premier travail des policiers : faire les constatations de ces scènes de guerre. Une commandante de police à l'Identité judiciaire, la police technique et scientifique, raconte pour Europe 1 cette soirée "hors normes" et les semaines qui ont suivi.
Il y a d'abord un contexte, une ambiance : "J'étais au match de football entre la France et l'Allemagne lorsque les premières déflagrations ont eu lieu au Stade de France. On encaisse la nouvelle et on est tous un peu abrutis", confie la commandante en se rappelant des deux premières explosions survenues aux abords de l'enceinte sportive, à 21h16 et 21h20.
"Scènes de guerre" et "démesure"
"Après, il faut se préparer et aller faire, malheureusement, les constatations sur des scènes qui ne sont même pas des scènes de crime comme on a l'habitude de voir, mais des scènes de guerre", poursuit la commandante auprès d'Europe 1. "Il faut s'adapter effectivement à la démesure du nombre de victimes."
C'est ensuite le début de l'enquête : "Il y a tout un système qui est mis en place et une prise en charge des familles et des proches pour les aider à identifier leurs proches. La priorité, c'est d'identifier les kamikazes par un relevé d'empreintes digitales ou un relevé d'empreintes biologiques, voir s'ils sont déjà connus des services", décrit-elle. "C'est important de mettre un nom sur l'auteur."
"On est toujours dans l'action"
Ce soir du vendredi 13 novembre n'est donc que le point de départ d'un très long processus, codifié et méthodique : "Comme l'enquête avance, il y a également des perquisitions, des scellés à examiner pour retrouver des traces et indices", relate la commandante. "En fait, les jours d'après, les semaines d'après, on est toujours dans l'action. Ça ne s'est pas arrêté le 13 novembre. Ça a duré des semaines, ça a duré des mois."
À bien des égards, les événements du 13-Novembre représentent un moment particulier pour les forces de l'ordre mobilisées dans la nuit francilienne. "Pour n'importe quel policier qui, ce soir-là, a travaillé, ça restera, évidemment", affirme la commandante. "J'ai 25 ans de police et oui, c'est la nuit la plus hors normes que j'ai vécue jusqu'ici."