Entendre leur voix et écouter leurs mots. Juste après la Seconde Guerre mondiale, la société n'est pas encore prête à recevoir les témoignages des déportés. A la fin des années 1970, d'aucuns commencent à nier l'existence des chambres à gaz. Un article du magazine L'Express porte même le titre "A Auschwitz on n'a gazé que les poux"... C'en est trop pour les survivants qui décident de témoigner explique Sophie Nagiscarde, responsable des activités culturelles au Mémorial de la Shoah qui dédie l'année 2020 aux témoins et consacre depuis dimanche une grande exposition à la figure du survivant, alors qu'on commémore aussi le 75ème anniversaire de l'entrée des soviétiques dans les camps, et plus particulièrement à Auschwitz, ce 27 janvier.
"Parler aux jeunes"
"Quand ils ont vu ça [ils se sont dits] : 'Quoi ? On nie la Shoah ? Ce n'est pas possible !' C'était un petit aiguillon. Et puis les gens avaient fait leur vie aussi. Ils étaient plus libres. Il a fallu se reconstruire après la guerre, travailler, faire sa vie. Face au négationnisme, les témoins vont vouloir aller parler aux jeunes", raconte Sophie Nagiscarde au micro d'Europe 1.
Au Mémorial, on entend des témoignages de déportés, comme Simone Veil ou Marceline Loridan-Ivens, diffusés sur des écrans, pour transmettre la mémoire alors que les derniers survivants sont en train de s'éteindre. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 200 déportés français à être encore en vie. Les témoins disparaissent et la troisième génération prend le relais pour faire vivre la mémoire autrement.
Nouveaux moyens d'expression
'Les petits-enfants de rescapés où ceux qui ne le sont pas forcément et ont entre 30 et 50 ans transmettent cette histoire autrement, par tous les moyens dont ils disposent : la bande dessinée, la fiction, le cinéma, l'enquête", explique pour Europe 1 Léa Veinstein, commissaire scientifique de l'exposition.
Avec une histoire qui continue, même s'il n'y aura bientôt plus de témoignages directs de personnes ayant connu l'enfer des camps de concentration.