A l'approche du premier anniversaire des attentats de janvier 2015 à Paris, le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut a livré son point de vue sur les actes terroristes commis en France en 2015. "Depuis le 11 septembre 2001, nous savons que quelque chose a commencé, l'attentat du 13 novembre nous a sidérés, tous, mais ne nous a pas surpris", a reconnu l'auteur de La Seule Exactitude, un ouvrage publié en septembre 2015 dans lequel il s'inquiétait des dissensions nées dans la France post-Charlie.
"La radicalisation islamiste prend des proportions très alarmantes", considère Alain Finkielkraut. "Il y a les mosquées salafistes, il y a aussi le fait que les assassins (qui ont agi dans les locaux de Charlie Hebdo, ndlr), les frères Kouachi, aient été populaires dans certains quartiers, que de nombreux lycéens collégiens ont dit qu'ils l'avaient bien cherché, même Plantu le reconnaît. Il va dans les lycées et ce que lui répondent un certain nombre d'écoliers, c'est qu'ils l'avaient bien cherché. Alors, peut-être n'y-a-t-il pas eu des manifestations aussi ostensibles après le 13 novembre mais oui, c'est un mouvement qui est minoritaire mais qui n'est pas groupusculaire. J'hésite moi-même à utiliser ce terme mais le fait est que les djihadistes, eux, sont lancés dans une guerre de civilisation. Il y a une fameuse phrase de Julien Freund : 'Ce n'est pas nous qui désignons l'ennemi, c'est l'ennemi qui nous désigne'. Et cet ennemi veut la peau de cette composante de la civilisation européenne qu'est la civilisation française. Il a hélas des gens prêts à mourir pour ça et des sympathisants, d'où le désarroi que je ressens aujourd'hui."
Favorable à une mesure d'indignité nationale. L'Académicien français est également revenu sur le débat concernant la déchéance de la nationalité pour les terroristes. S'il se dit défavorable à une telle mesure pour l'ensemble des Français, il est favorable à une mesure "d'incrimination pénale d'indignité nationale". "Je pense qu'une telle mesure devrait être examinée mais je suis étonné pour ma part du débat provoqué par la proposition de déchéance des terroristes qui ont deux passeports", a réagi Alain Finkielkraut. "Je suis favorable à la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux. Ce n'est pas une réponse, c'est une mesure de bon sens. Ce qui me scandalise, c'est qu'effectivement on se polarise contre cette mesure comme si elle était une atteinte à l'égalité."
Le philosophe a également noté dans la France post-attentats un nouvel élan autour de la nation. "Les Français pensaient avoir tourné la page de l'identité nationale, de la patrie, or la dimension patriotique de leur existence leur apparaît à nouveau face à l'ennemi féroce qui s'est manifesté les 7, 8, 9 janvier puis le 13 novembre", a-t-il insisté. 'On chante à nouveau La Marseillaise, on réinvestit le drapeau tricolore. La France redevient une expérience partagée."