Convoquée mardi pour une possible mise en examen dans l'épineux dossier de l'amiante, Martine Aubry peut compter sur le soutien d'une partie des victimes. "Rien ne permet de dire, en l'état actuel du dossier, que Martine Aubry n'aurait pas répondu à des alertes qu'elle aurait reçues", a déclaré Michel Parigot, vice-président de l'association de victimes (Andeva), partie civile dans l'enquête.
>> Mise à jour, 21h30 : Peu avant cette audition qui était toujours en cours à 21 heures, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy a prévenu qu'elle se montrerait "imperméable" à toutes pressions dans sa décision de mettre ou non en examen Martine Aubry. "J'ai toujours pris mes décisions en mon âme et conscience et en toute indépendance. C'est ce que je ferai concernant la décision que j'ai à prendre aujourd'hui, quelle qu'elle sera", a ajouté la juge d'instruction.
Sylvain Stanesco, conseiller régional PS du Nord, victime de l'amiante, apporte lui un soutien indéfectible à la maire de Lille au micro d'Europe 1. "Je sais très bien qui était à nos côtés, et qui ne l'était pas. Martine Aubry était l'une des rares à nos côtés. Quand elle était ministre, elle nous a donné la cessation anticipée d'activité des victimes de l'amiante, et elle a créé le FIVA, le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante. Aujourd'hui, sans ces deux éléments, les salariés n'auraient rien", affirme-t-il.
Mise en examen mardi ?
Ces arguments pèseront-ils sur la décision de la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy de mettre, ou non, Martine Aubry en examen pour homicides involontaires mardi ? L'ex-patronne du PS pourrait être attaquée en sa qualité d'ancienne Directrice des relations du travail (DRT), au ministère du Travail entre 1984 et 1987. Elle a déjà annoncé qu'elle contesterait en justice cette éventuelle mise en examen.
La juge s'intéresse notamment à l'action des pouvoirs publics à partir des années 1970, jusqu'à l'interdiction en 1997 de l'amiante, jugée responsable par les autorités sanitaires de 10 à 20% des cancers du poumon et qui pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025.
Deux autres hauts-fonctionnaires sont mis en cause dans cette affaire. Olivier Dutheillet de Lamothe, qui avait succédé à Martine Aubry à la DRT jusqu'en 1995, et Jean-François Girard, qui fut directeur général de la Santé de 1986 à 1997 et a récemment été mis en examen.
"La juge a raison, il faut fouiller"
"Avant, pendant et après le passage de Martine Aubry, la DRT n'était pas organisée de façon adéquate pour recueillir les informations objectives indispensables pour prendre les mesures adéquates", a estimé Michel Parigot, sans remettre en cause la responsabilité de l'Etat.
"La juge a raison, il faut fouiller, mais il faut faire attention : des gens ont beaucoup plus de responsabilités que d'autres. Ce sont les patrons qui ont empoisonné leurs salariés qu'il faut aller chercher et condamner", a lancé Sylvain Stanesco sur Europe 1.