L'ancien avocat de Liliane Bettencourt bientôt transféré à Bordeaux. La garde à vue de Me Pascal Wilhelm a pris fin mercredi matin. Ce dernier se trouvait toujours au palais de justice de Paris dans l'attente de son transfert. En raison des délais probables pour sa prise en charge, l'avocat pourrait ne pas être transféré avant jeudi, afin d'être présenté devant l'un des juges d'instruction bordelais en charge de l'affaire depuis fin 2010.
Me Pascal Wilhelm avait été interpellé lundi matin à son domicile par la Brigade financière. Il a passé deux nuits en garde à vue.
Les deux autres personnes, en garde a vue depuis lundi matin ont été remises en liberté. L'homme d'affaires Stéphane Courbit est sorti vers de 20h, sans convocation. L'ancien infirmier des Bettencourt, Alain Thulin, a été remis en liberté en fin de soirée mais il sera convoqué ultérieurement par les juges bordelais.
Elle investit 143 millions dans LOV Group
Les juges d’instruction bordelais s'interrogent notamment sur les conditions dans lesquelles l'héritière de L'Oréal a investi 143 millions d'euros dans le groupe de Stéphane Courbit en mai 2011. Cette transaction, un investissement de 20% dans LOV Group, le groupe de Stéphane Courbit, a été réalisée en mai 2011.
Problème : cet investissement a été réalisé alors qu'une expertise médicale a montré que Liliane Bettencourt n'avait pas tout son discernement depuis septembre 2006 et que cette dernière allait être placée sous tutelle quelques mois plus tard.
Sachant sa convocation imminente, le PDG de Lov Group avait multiplié les sorties médiatiques et récemment affirmé dans Le Monde n'avoir "pas parlé" d'argent avec Liliane Bettencourt. "J'aurais été gêné de négocier avec elle (...) question de civilité", a-t-il déclaré. Toutefois, "elle était au courant de l'investissement" dans LOV Group. Le 11 juillet 2011, cette dernière avait pourtant assuré ignorer cet investissement de 143 millions d'euros.
La double casquette de Me Wilhelm
L'avocat Pascal Wilhelm est d'autant plus dans le viseur de la justice qu'il était alors le gestionnaire de fortune de l'héritière mais aussi l'avocat de Stéphane Courbit. Me Olivier Metzner, l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, avait alors accusé son confrère de se comporter comme "avocat et partie" auprès de la vieille dame. La juge des tutelles de Courbevoie, qui a placé Liliane Bettencourt sous tutelle en octobre 2011, avait également relevé que Me Wilhelm devait être "écarté" de cette procédure.
Me Wilhelm assure avoir fait au mieux pour faire prospérer la fortune de sa cliente mais d'autres détails intriguent la justice : le groupe LOV n'était alors pas financièrement au mieux et c'est la banque d'affaires d'un autre proche de Me Wilhelm, l'ancien patron de Vivendi Jean-Marie Messier, qui a réalisé l'estimation de la valeur de l'entreprise.
L'étrange héritage de l'infirmier
L'ex-infirmier de Liliane Bettencourt, Alain Thurin, figurait à hauteur de 10 millions d'euros dans un nouveau testament de Liliane Bettencourt rédigé en août 2011 sous la supervision de Me Wilhelm. L'octogénaire y attribuait aussi la quasi-totalité de ses biens disponibles à l'institut Pasteur.
Interrogée le 1er février 2012 par la justice, l'héritière semblait tomber des nues en découvrant son nouveau testament. "Qui a fait ça? C'est extraordinaire, c'est incroyable! Qui lui a dit de changer cela? Je n'en ai pas été consciente, je ne suis pas au courant", a-t-elle réagi, avant de conclure : "je ne pleure pas, mais fondamentalement, c'est triste".
Le 17 octobre 2011, Liliane Bettencourt avait été placée sous tutelle et la gestion de son patrimoine confiée à la fille unique de la milliardaire Françoise Bettencourt-Meyers, et ses deux fils Nicolas et Jean-Victor. L'avocat Pascal Wilhelm avait été également révoqué de son mandat de protecteur de l'héritière du fondateur de L'Oréal. Un autre personnage de l'affaire Bettencourt, l'ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, a par ailleurs été entendu par la justice vendredi, avant d'être mis en examen mardi dans le cadre de l'affaire de la Légion d'honneur décernée par Eric Woerth.