C'est par elle qu'est apparu le volet sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 dans le tentaculaire dossier Bettencourt. Dans une interview au Monde, Claire Thibout dit aujourd'hui "regretter" d'avoir parlé. L'ancienne comptable de la milliardaire Liliane Bettencourt assure que cette affaire "a plombé des années de [sa] vie".
Tout commence en juillet 2010, lorsque Claire Thibout révèle aux enquêteurs que Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt, lui a demandé 150.000 euros en liquide, destinés à Eric Woerth, trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. La comptable subit alors plusieurs séances de gardes à vue, alors que l'ex-procureur de Nanterre Philippe Courroye dirigeait l'enquête. Les nouveaux juges en charge de l'affaire la considèrent désormais comme un très crédible et l'ont convoquée à de multiples reprises à Bordeaux comme simple témoin.
"Elle est dans une situation déplorable"
Mais Claire Thibout ne va "pas très bien". "Elle est dans une situation déplorable", assure même son avocat, Me Antoine Gillot sur Europe 1. Depuis qu'elle a quitté son emploi chez les Bettencourt, l'ancienne comptable est au chômage et a des soucis d'argent."Quand je me présente, c'est au nom de mon mari, pas de Thibout, mais ça ne suffit pas. Récemment encore, un employeur potentiel a découvert que j'avais travaillé chez les Bettencourt. Et je n'ai plus eu de nouvelles", raconte-t-elle au Monde.
Le mari de Claire Thibout a lui aussi perdu son entreprise, précise Me Antoine Gillot. C'est en effet lui qui avait dupliqué les enregistrements du majordome de Liliane Bettencourt, à l'origine des révélations. Le couple est en outre visé par un redressement fiscal, ajoute l'avocat sur Europe 1.
"Ils ont flingué ma vie"
En parlant des financements politiques, "je n'ai fait que dire la vérité. Mais si j'avais su que cela me coûterait si cher, j'aurais sans doute hésité (...) Avec le recul, je regrette, parce qu'ils ont flingué ma vie", lance Claire Thibout dans Le Monde.
Claire Thibout se "contrefiche de Sarkozy, de Woerth ou de l'UMP", et se voit comme "une martienne dans cette histoire". "Bien sûr, si Sarkozy a fauté, c'est normal qu'il paye, mais moi (...) je vois surtout que tout ça a plombé des années de ma vie", ajoute-t-elle. "Seule la déchéance de Courroye (muté contre son gré, ndlr) me ravit, car il m'a fait vivre des moments épouvantables qui me marqueront pour toujours", ajoute-t-elle. Selon elle, l'ancien juge d'instruction s'est "comporté comme un voyou, prêt à tout pour me faire revenir sur mes propos, pas comme un magistrat".