Et si finalement Nicolas Sarkozy n'était jamais jugé dans l'affaire Bettencourt ? Il appartient aux juges d'instruction de prendre une décision après sa mise en examen le 21 mars dernier. Mais selon Le Monde, qui a eu a eu accès à l'intégralité des 1.824 actes de la procédure pour "abus de faiblesse" menée dans l'affaire Bettencourt par les juges d'instruction Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël. Les éléments à charge du dossier à l'encontre de l'ancien chef de l'Etat sont "ténus".
Des informations allant dans le sens de celles du Parisien, qui assurait la semaine dernière que Claude Laplaud, le procureur de la République de Bordeaux, qui n'a pas le dernier mot dans cette affaire, s'orientait vers un non-lieu pour Nicolas Sarkozy. le juge d'instruction estime de son côté que le dossier de Nicolas Sarkozy, qu'il a mis en examen, comporte des "indices graves et concordants" démontrant qu'il aurait commis un abus de faiblesse aux dépens de Liliane Bettencourt en lui demandant de l'argent pour financer sa campagne.
>> Voilà ce qui fait dire au Monde que le dossier ne pèse pas assez lourd.
Deux rendez-vous difficiles à prouver. L'enquête des juges d'instruction met en avant deux rendez-vous suspects : les 10 et 24 février 2007, en pleine campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy affirme lui depuis le début de l'affaire s'être rendu au domicile des Bettencourt une seule fois : le 24 février, pour y rencontrer brièvement André Bettencourt, le mari de l'héritière de l'Oréal, décédé en novembre de la même année. Sauf que plusieurs membres du personnel de la milliardaire assurent que Liliane Bettencourt était également au déjeuner.
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Dans l'un des actes de la procédure, Jean-Michel Gentil suppose ainsi que cette rencontre fait suite à un premier rendez-vous, le 10 février dernier, où Nicolas Sarkozy aurait seulement rencontré André Bettencourt. "Ne peut-on pas envisager que vous auriez rencontré André Bettencourt la première fois pour lui demander son soutien, par exemple financier, et que le second rendez-vous aurait été organisé sur sa demande, afin que vous puissiez rencontrer son épouse, puisque c'est elle qui avait les capacités de financer éventuellement ce soutien ?", peut-on lire dans le dossier du juge Gentil. Ce dernier s'appuie notamment sur le témoignage du majordome de Liliane Bettencourt, Pascal Bonnefoy, qui se souvient avoir accueilli le 10 février 2007 le ministre de l'Intérieur de l'époque.
Des témoignages pas crédibles ? De son côté, l'ancien président de la République explique ces éléments sont bien faibles étant donnés qu'ils reposent sur des "témoignages et tableaux de service sujets à caution". Nicolas Sarkozy met en avant son emploi du temps "laissant peu de place peu de place pour une visite même impromptue aux Bettencourt, le 10 février". Il souligne également que ses officiers de sécurité de l'époque, qui ont tous été entendus par les juges d'instruction, n'ont fait état d'aucun déplacement chez les Bettencourt, sauf le 24 février.
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Le délit d'abus de faiblesse difficile à caractériser. Enfin, le journal du soir explique que "le délit d'abus de faiblesse est très difficile à caractériser, sur le plan pénal". Il faut notamment prouver que la victime est d'une "particulière vulnérabilité". Pour ce point, Liliane Bettencourt a été déclarée en état de faiblesse en 2006. L'abus de faiblesse implique également "l'existence de pressions graves et réitérées par le mis en cause, induisant un acte gravement préjudiciable pour la victime", détaille Le Monde. Enfin, "la volonté frauduleuse" de Nicolas Sarkozy doit clairement être formalisée. C'est sur ces deux derniers points que les éléments retenus contre l'ancien chef de l'Etat ne seraient pas suffisants.