L'INFO. Nicolas Sarkozy est soupçonné de s'être rendu au domicile de Liliane Bettencourt en 2007 pour lui demander des fonds afin de financer sa campagne présidentielle de 2007. Auditionné jeudi au Palais de justice de Bordeaux et confronté à quatre membres du personnel de la milliardaire, l'ex-président de la République a finalement été mis en examen pour abus de faiblesse. On en sait désormais un peu plus sur le déroulement de cette journée et sur la réaction de Nicolas Sarkozy à l'annonce de sa mise en examen.
>> Voici les informations recueillies par Europe 1 auprès de son avocat, Me Thierry Herzog.
"C'est une injustice". Lorsque Nicolas Sarkozy apprend qu'il est poursuivi pour abus de faiblesse, il fixe le juge Jean-Michel Gentil dans les yeux et lui lance : "c'est une injustice, vous ne pouvez pas dire ça ! Je vous le redis, c'est une injustice". Et quand le magistrat conclut un peu plus tard par un "voilà, c'est terminé", la réponse de l'ancien président est cinglante: "non, ce n'est pas terminé". Voilà pour ce qui est de l'ambiance dans le bureau du juge au terme de neuf heures d'audition.
D'après le majordome de Liliane Bettencourt également entendu, les confrontations se sont déroulées sereinement, malgré quelques "moments de tension", rapporte Me Herzog, quand le juge n'obtenait pas les réponses souhaitées. L'avocat rapporte également un moment plus cocasse. Quand l'aide-soignante de Liliane Bettencourt est entrée dans le bureau du juge, elle a lancé "bonjour, votre honneur"… en s'adressant à Nicolas Sarkozy. Le juge n'aurait pas apprécié.
Imbroglio sur les dates. Dans ce volet de l'affaire Bettencourt, les dates ont une importance capitale. Nicolas Sarkozy affirme ne s'être rendu qu'une seule fois au domicile de Liliane Bettencourt, le 24 février 2007. Chose impossible, estime le juge Gentil, car l'employé de la milliardaire qui affirme avoir vu l'ancien président chez l'héritière ne travaillait pas ce jour-là.
Me Herzog : "Nicolas Sarkozy a été mal traité dans cette procédure" :
Me Herzog est convaincu pour sa part que le juge se trompe, comme il l'a martelé au micro d'Europe 1 jeudi. "Tous les témoins décrivent le même rendez-vous. Il a eu lieu, le 24 février 2007. Il n'y en a eu aucun autre et Nicolas Sarkozy avait rendez-vous avec M. André Bettencourt", insiste l'avocat. "Pascal Bonnefoy et Bruno Lantuas (tous deux majordomes) ont tous deux affirmé qu'ils avaient tous les deux vu Nicolas Sarkozy, le samedi matin du 24 février 2007", a-t-il précisé en appelant le procureur de Bordeaux à "rendre publics des éléments objectifs de la procédure".
Quelles explications du camp Sarkozy ? Le juge s'appuie sur une preuve, selon lui, irréfutable : le tableau des indemnités repas accordées aux majordomes pour le week-end chez les Bettencourt. Ce tableau indique que le premier travaille le week-end du 24 février, ce qui n'est pas le cas du second.
Alors comment les deux majordomes auraient-ils pu voir tous deux Nicolas Sarkozy ce jour-là ? L'explication de Me Herzog est toute simple : le premier termine son travail le samedi à midi et n'a donc pas le droit à une indemnité repas. Le second arrive quant à lui midi et lui a le droit à cette indemnité repas. C'est pour cette raison, selon l'avocat, que les deux hommes pouvaient se trouver au même endroit et le même jour. Pourquoi prétendent-ils alors avoir vu Nicolas Sarkozy dans des tenues vestimentaires différentes ? Tout simplement parce que l'un l'a bien vu en costume-cravate et que l'autre, selon Me Herzog, ne se souvient que de la tenue que portait Nicolas Sarkozy le soir même au Stade de France, à la télévision. Un pull noir, à col roulé.