"Prise dans un engrenage". "Je me sentais prise dans un engrenage : je n'avais pas d'autre solution. Chaque fois, j'espérais que le bon Dieu ferait quelque chose, un miracle. Que quelqu'un me dise : 'Tiens, tu es enceinte'. Peut-être que j'aurais parlé, que ça m'aurait fait un déclic et qu'on m'aurait soignée". Dans un entretien à La Voix du Nord paru jeudi, Dominique Cottrez, qui sera jugée pour le meurtre de huit de ses nourrissons en juin, pose pour la première fois des mots sur ses actes.
"Soulagée" d'être arrêtée. L'ancienne aide-soignante, qui sera jugée devant les assises du Nord du 25 juin au 2 juillet, explique avoir "compris l'horreur de (ses) actes "en voyant le journal" : "Quand on m'a arrêtée, j'ai eu peur, mais je me suis aussi sentie soulagée. Avant j'y pensais tout le temps en me demandant : 'Mais qu'est-ce que j'ai fait ?"
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Dominique Cottrez rappelle avoir été victime d'inceste et avoir tué ses nourrissons par crainte qu'ils n'aient pour père son propre père, mort en 2007. "C'était comme enlever des bouts de moi, comme cacher les histoires avec mon père. La première fois, j'avais huit ans. Je me souviens très bien. Ça a arrêté à l'adolescence quand j'ai commencé à sortir, mais ça a repris après mon mariage. Mon père était toujours là pour moi, avec lui je pouvais parler un peu. On s'aimait... Aujourd'hui, j'ai compris que ça n'était pas normal, que mon père m'avait fait beaucoup de mal", confie t-elle.
"Personne n'a rien vu". Sa forte corpulence avait rendu ses grossesses indécelables auprès de ses proches et même de ses médecins. "Personne n'a jamais rien vu, ni mon mari, ni mes filles, ni mes collègues, ni mes patients, ni les voisins, ni les médecins. Mais ce n'est la faute de personne. C'est moi, seulement moi", conclut Dominique Cottrez.