Ils ne sont pas encore sortis, mais sont déjà critiqués. Les nouveaux programmes d'économie prévus pour les lycéens de seconde à la rentrée 2010, mis à la consultation mercredi par le ministère de l'Education nationale, sont déjà désapprouvés par des professeurs et des lycéens qui déplorent l'impasse totale faite sur le chômage.
De l’économie pour tout le monde
Dans le cadre de la réforme du lycée, l'économie va être enseignée à tous les élèves de seconde à partir de la rentrée prochaine. Chacun devra obligatoirement suivre comme enseignement d'exploration (1h30 par semaine) les "sciences économiques et sociales" (SES) ou une discipline nouvelle, les "principes fondamentaux de l'économie et de la gestion" (PFEG), avec la possibilité d'opter pour les deux.
La création des PFEG fait suite à des années de controverses entre professeurs de SES et défenseurs des entreprises qui jugent la microéconomie insuffisamment étudiée au lycée. Dans un rapport remis au gouvernement en 2008, une mission dirigée par Roger Guesnerie, professeur au collège de France, avait mis l'accent sur le besoin de microéconomie et déploré que les SES insistent plus sur "les problèmes de notre société" que sur ses "réussites".
Pas de chômage, pas de pouvoir d’achat
Dans ce cadre et dans celle de la réforme du lycée, de nouveaux programmes de SES ont été rédigés, et ceux de PFEG créés. Comme les autres nouveaux programmes de la future seconde, ils sont depuis mercredi et jusqu'au 12 mars en consultation sur le site Internet du ministère de l'Education nationale, "pour que les enseignants se les approprient et puissent éventuellement suggérer quelques ajustements", a déclaré le ministre Luc Chatel au Figaro.
Mais d'ores et déjà, l'association des professeurs de SES (Apses) et l'union nationale lycéenne (UNL) ont dénoncé, dans les nouveaux programmes de SES, la disparition du chômage et du pouvoir d'achat, et la part réduite des sciences sociales par rapport à l'économie. "Alors que notre société subit une crise économique et sociale sans précédent, où les jeunes sont les premières victimes de la hausse du chômage et de la précarité, le ministère décide tout simplement de ne plus étudier le chômage en seconde", a déploré la première organisation lycéenne.
Rien de définitif
Jusqu'alors, les SES abordaient les notions de chômage, précarité, discrimination ou contrats de travail. Les nouveaux programmes mettant en évidence "l'idéologie libérale au détriment de toutes les autres", l'UNL a demandé au ministère de "revoir sa copie", sans quoi "les lycéens sauront réagir en conséquence!".
Les programmes peuvent-ils encore évoluer d'ici mi-mars ? "Ce sont des pré-projets de programmes, archi-provisoires", a jugé Isabelle Magnard, présidente de l'association Savoir Livre, regroupement de plusieurs éditeurs de manuels scolaires, qui ont reçu les programmes la semaine dernière. "Vu les délais impartis pour mettre au point nos manuels, et comme chaque jour compte, on les utilise dès à présent comme pistes de réflexions pour savoir dans quelle direction aller ou ne pas aller", a-t-elle ajouté, mais "on a déjà eu des cas, dans le passé, où le programme changeait après la consultation".