La polémique entourant l’état de santé de Liliane Bettencourt n’en finit décidément pas de s’étoffer. Les trois médecins commis le 17 novembre dernier par la juge des tutelles de Courbevoie, Stéphanie Kass-Danno, ont rendu un dossier d’expertise médicale selon lequel l’héritière de L’Oréal n’a plus toutes ses capacités.
"Une maladie cérébrale"
Les trois experts évoquent une "maladie cérébrale", indique mardi le site du Monde, qui révèle l’information. Selon eux, Liliane Bettencourt serait atteinte d’une "altération conjointe des facultés mentales et physiques". Par cette affirmation, les médecins font référence à un certain problème de surdité de l'héritière de 88 ans et à une fatigue physique à partir d'une certaine heure.
D’après les médecins, la milliardaire est sujette à une dégénérescence telle, qu’elle doit être au minimum mise sous "curatelle renforcée". Liliane Bettencourt, écrivent-ils, "doit pouvoir bénéficier d'une mesure de protection dans les actes de la vie civile, tant patrimoniaux qu'à caractère personnel, de type curatelle renforcée".
Un curateur pour la milliardaire
La curatelle renforcée est un statut intermédiaire, qui se situe entre la curatelle simple et la mise sous tutelle. Il s’agit de nommer un curateur, qui percevrait ses revenus et assurerait le règlement de ses dépenses.
De quoi satisfaire la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Meyers-Bettencourt, qui avait initié une action en justice pour abus de faiblesse contre François-Marie Banier, et accusé des "prédateurs" de soutirer la fortune de sa mère. Toutefois, une mise sous curatelle de Liliane Bettencourt ne la contraindrait pas forcément à démissionner de son mandat d'administratrice de L'Oréal, renouvelé pour 4 ans en avril dernier. Contrairement à une mise sous tutelle, un placement sous curatelle renforcée n'implique pas obligatoirement que la milliardaire renonce à son mandat.
Le juge, seul décideur
Reste que la décision n'est pas entérinée. Les conclusions des experts ont été transmises à la juge Stéphanie Kass-Dano dès le 27 mai dernier et quelques jours plus tard au juge bordelais Jean-Michel Gentil.
Mais, selon Florence Fresnel, avocate du barreau de Paris et spécialiste des tutelles, ces expertises pourraient ne pas influencer le magistrat. "Le juge des tutelles n’est absolument pas lié par les expertises des différents médecins. C’est lui qui prend la décision, c’est tout. Il peut prendre cette décision, en prendre une autre ou nommer de nouveaux experts. Il n’est pas lié par la décision des experts", a-t-elle assuré sur Europe 1.
Les médecins n'ont jamais examiné Liliane Bettencourt
Enfin, le juge pourrait être influencé par le fait que les trois médecins n'ont jamais examiné Liliane Bettencourt. Pour fournir leurs conclusions, ils ne se sont basés que sur son dossier médical. Un travail qui remonte à novembre dernier, lorsque Françoise Meyers-Bettencourt souhaitait mettre sa mère sous tutelle.
Mais depuis, la fille de Liliane Bettencourt a renoncé à l'action en justice qu'elle avait engagée. La Cour de cassation a été saisie. Elle doit dire la semaine prochaine si la juge des tutelles de Courbevoie est toujours compétente dans l'affaire. Le dossier est donc loin d'être refermé.