LE TÉMOIGNAGE. Il avait tenté de traverser la Manche sur un radeau de fortune avant d’être secouru par la SNSM, la Société nationale de sauvetage en mer. Libération a retrouvé le migrant afghan de 33 ans.
Trois planches et une canne à pêche. "Si on m'avait laissé faire, je serais arrivé en Angleterre", assure Assef Husseinkhail, migrant afghan de 33 ans, qui a tenté lundi la traversée de la Manche sur un radeau de fortune. Il est désormais de retour à Calais, une ville qui accueille de nombreux migrants en partance pour la Grande-Bretagne.
Trois sobres planches de bois pour le cadre, trois autres pour le fond, un bloc de polystyrène enveloppé dans une bâche pour le flotteur, un pied de table et une canne à pêche en guise de mât, et une voile blanche en drap d'hôpital, détaille Libération. En survêtement, un bonnet vissé sur la tête, il ramait à genoux sur les planches pour rejoindre l'Eldorardo.
Un espoir perdu. Assef Husseinkhail affirme qu'il était "content" sur son bateau. "Je naviguais vers mon espoir. Je m'imaginais déjà arriver. J'avais avancé jusqu'à la mer sombre. J'avais de l'eau jusqu'aux genoux et je disais des poèmes", raconte-t-il. Il tente de rassurer, en disant savoir nager.
"Mon bateau n'aurait pas pu se renverser, je l'ai testé avant de le mettre à l'eau", assure--t-il. 'J'ai mis vingt jours à le fabriquer. Un jour je ramassais un clou, un autre un morceau de bois. J'allais tous les jours à la plage pour construire mon bateau. Je l'avais bien caché. Les autres me traitaient de fou. Ils me disaient : 'Ne pars pas.' J'étais déterminé. Ah ! Si j'étais arrivé !"
Il aurait pu mourir. "Il était au large de Sangatte, à 2 milles (3,6 km, ndlr.) des côtes, dans le chenal d'accès des car-ferries", a indiqué au journal, Bernard Barron, président de la SNSM locale. "La mer était très calme, heureusement. L'eau est à 12 degrés. A cette température, on s'endort au bout d'une demi-heure dans l'eau", souligne le sauveteur.
En errance depuis 14 ans. "Tout le monde me dit que c'était dangereux, que j'ai risqué ma vie. Mais, moi, je suis en danger tous les jours! Ce n'est pas dangereux de vivre ici ?", demande Assef qui erre entre Asie et Europe depuis quatorze ans, en montrant le campement de tentes et de bâches où près de 200 Afghans vivent face au port. "J'aimerais bien recommencer. Mais je sais qu'ils ne me laisseront pas."
INCROYABLE - Un Afghan secouru alors qu'il tentait de traverser la Manche sur un radeau