En quelques mois, le nombre de migrants a été multiplié par quatre à Calais. Ils sont près de 2.000 à vivre dans des les pires conditions et à entretenir le même rêve : traverser la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne. Les forces de l’ordre sont de plus en plus débordées et pour la première fois, un syndicat appelle à manifester pour alerter le gouvernement.
Le ras-le-bol des forces de l’ordre. "On se pose encore la question de savoir si Calais n’a pas été récemment annexé par la Grande-Bretagne", lance au micro Europe 1 Gilles Debove, responsable du syndicat général de police Force Ouvrière (SGP-FO), à l’initiative de la manifestation prévue lundi matin. "Personne ne se soucie du problème des Calaisiens et des policiers". Pour crier leur ras-le-bol, les forces de l’ordre vont se rassembler lundi à 10h à pour lancer une opération escargot sur la rocade de la ville portuaire.
L’extrême-droite surfe sur cette grogne. "Il faut tous les expulser", assène Kevin Reche à qui veut l’entendre. Ce jeune homme de 20 ans a créé le collectif d'extrême droite "Sauvons Calais" il y a tout juste un an. En accusant les migrants de Calais de tous les maux, son collectif prospère sur les réseaux sociaux. Plus de 8.000 personnes suivent désormais sur Facebook "Sauvons Calais", ce "collectif contre l'immigration et les associations pro-migrants" qui fait l'objet d'une enquête pour incitation à la haine raciale.
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"Le plus gros problème, c'est les tentatives de viols, surtout dans les parcs, il y a aussi des agressions avec des couteaux", affirme Kevin Reche, qui a quitté le Front national en 2013. "On me reprochait mes cheveux trop courts", explique-t-il. Il va adhérer "très bientôt" au Parti de la France, qui se revendique de "la droite nationale, sociale et identitaire". "Ils ont balancé plusieurs fois sur Facebook qu'il y avait des agressions commises par des migrants, on a vérifié : c'était faux", dénonce Séverine Mayer, la présidente de Calais Ouverture Humanité, un collectif créé en réaction à Sauvons Calais. "C'est facile de stigmatiser, de dire que c'est les migrants", s'élève-t-elle.
Un reportage diffusé au Grand Journal de Canal + la semaine dernière :
Escalade de la violence. L’ambiance qui règne en ce moment à Calais et le comportement de la police inquiètent les associations pro-migrants. "La ville est une cocotte-minute prête à exploser", assume Philippe Vannesson, responsable d’une association qui aide tous les jours les migrants. "Des gens qui sont trouvés dans les camions sont tabassés. On a aussi des témoignages d’exilés attaqués en ville par la police. Ce sont des dérapages relativement graves". Dernière preuve d’une situation devenue alarmante, il y a un peu plus de 15 jours : quatre jeunes gens âgés de 18 à 20 ans ont lancé un cocktail Molotov sur un squat occupé par plusieurs dizaines de migrants à Calais.