Nadège vivait en dissonance cognitive : elle éprouvait beaucoup d'affection pour son chat, Pégase, mais continuait à "participer au massacre de victimes" en consommant de la viande. Elle a donc décidé de franchir progressivement le pas du veganisme, mode de vie qu'elle a très vite adopté. Elle raconte son expérience au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix.
"Mon chat Pégase m'a fait devenir antispéciste : j'ai créé une relation avec lui qui m'a fait comprendre que, dans mon quotidien, je faisais de la discrimination par l'espèce. À un moment, je ne comprenais pas pourquoi je faisais tout pour le rendre heureux, lui, alors que je participais au massacre de milliards de victimes.
L'antispécisme, c'est refuser le schéma actuel de la société qui dit qu'il est permis de faire de la discrimination par l'espèce, c'est-à-dire d'estimer qu'on peut les exploiter et se nourrir de soi disant sous-espèces. Le problème, c'est que, dans les restaurants, quand on nous propose un plat végétarien, bien souvent c'est avec du poisson. Quand on démarre et qu'on n'y connaît rien, ce sont des notions assez floues.
>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici
En mangeant des produits laitiers, je culpabilisais terriblement. La réalité de cette industrie est terrible, ce sont des vaches, donc des mères, inséminées de force chaque année, qui passent d'une espérance de vie de 25 à 5 ans. Quand elles sont épuisées, on les envoie à l'abattoir. Les veaux, n'en parlons pas. Ma propre dissonance cognitive, je ne pouvais plus la supporter. En mon âme et conscience, je ne pouvais plus participer à ce massacre. Le véganisme s'est imposé à moi.
Être vegan, ça veut dire beaucoup de choses. Déjà, je lutte pour les droits d'autrui, c'est très fort. Ensuite, ça veut dire redécouvrir son alimentation, s'amuser à végétaliser des recettes qui ont toujours été dans mon quotidien. Je pense au bœuf bourguignon, par exemple. Moi, je fais un bourguignon de champignons. Je suis en accord avec moi-même dans toutes mes pratiques. Je ne vais pas au zoo ni au cirque qui exploitent des animaux. Je ne porte pas de cuir, ni de laine. Dans ma vie, il n'y a pas de souffrance animale.
Avec les amis, le veganisme n'est pas un dogme, ce n'est pas quelque chose que l'on s'impose, c'est naturel de l'être. C'est donc devenu naturel pour mon entourage. Et si ce n'est pas compliqué pour moi, ce n'est compliqué pour personne.
Dans mon entourage, il y a des personnes qui ne sont pas vegan. Il y a des gens qui vous suivent, comme ma mère et ma compagne, et d'autres qui comprennent ce combat, qui vous disent 'tu as raison', mais qui ne sont pas prêts. Je suis militante et engagée, donc j'ai une sphère vegan autour de moi, des amis très proches avec qui je partage de super repas et des convictions, mais je n'ai renié ni ma famille ni mes amis qui ne sont pas vegan.
Aujourd'hui, c'est facile de devenir vegan. Les magasins bio proposent énormément de produits vegan, il y a beaucoup de boutiques spécialisées, notamment à Paris, des restaurants, des pâtisseries, etc. Il y a aussi énormément de boutique en ligne : où qu'on soit en France, on peut tout à fait vivre vegan. C'est devenu très simple et ça se démocratise de plus en plus."