L'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi, une enquête mêlant un attentat au Pakistan à des soupçons de corruption en France, a pris une nouvelle tournure mercredi avec le placement en garde à vue de Thierry Gaubert, un ex-collaborateur du chef de l'Etat, et de Nicolas Bazire, également proche du président.
Les enquêteurs cherchent à vérifier si le pactole constitué en marge de la vente de sous-marins au Pakistan aurait pu financer en 1994-1995 la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, alors chef du gouvernement. Nicolas Sarkozy était un de ses ministres, et son porte-parole de campagne. Nicolas Bazire intéresse de près la justice puisqu'il était alors directeur de cabinet de l'ancien Premier ministre et son directeur de campagne pour la présidentielle.
Brillant énarque
Né le 13 juillet 1957 à Fort-de-France, en Martinique, Nicolas Bazire est un ancien élève de l'Ecole navale. Il a été en 1980 officier élève sur le porte-hélicoptères "Jeanne d'Arc", puis affecté sur l'escorteur d'escadre "Guepratte" avant de devenir de 1982 à 1984 chef des reportages du magazine TAM.
Il entre alors à l'ENA (promotion "Fernand Braudel" aux côtés notamment de Stéphane Richard, PDG de France Télécom et du député PS Christian Paul) dont il sort à la Cour des comptes. Il est ensuite chargé de mission auprès du secrétaire général de Thomson SA, de 1991 à 1993 avant d'être appelé en mars 1993 par Edouard Balladur pour diriger son cabinet. Il n'a alors que 35 ans. Il dirigea ensuite sa campagne pour la présidence de la République avant de réintégrer la Cour des comptes.
Une reconversion dans les affaires réussie
Après la défaite de l'ancien premier ministre en 1995, Nicolas Bazire donne à sa carrière une nouvelle direction, plus orientée vers les affaires. Il devient en 1995 associé-gérant de Rothschild et Cie Banque. Témoin de mariage de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni en 2008, il est également depuis 1999 administrateur et directeur du développement et des acquisitions de LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton et membre du comité exécutif de LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton.
Mais la quête de pouvoir de ce père de six enfants ne s'arrête pas là. Vice-président du conseil de surveillance de la SAS Les Echos, éditrice du quotidien Les Echos, Nicolas Bazire continue de cumuler les fonctions à une vitesse vertigineuse. Il devient administrateur et président du comité d'audit et administrateur d'Ipsos depuis 2002, administrateur de Tajan SA, de Carrefour depuis 2007, de Suez Environnement depuis 2008 et d'Atos depuis 2009.
Chevalier de la Légion d'honneur, Nicolas Bazire est aussi Président du conseil de surveillance de la Fondation pour l'innovation politique (think thank de centre-droit fondé avec le soutien de l'UMP) depuis 2009 et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris.