L’INFO. Trop, c’est trop : cinq jours après le début d’un épisode de forte pollution atmosphérique dans la région parisienne, des ONG, dont Ecologie sans frontières ou Respire, portent plainte contre X pour “mise en danger de la vie d’autrui”. La procédure, plus politique que juridique, vise à pointer du doigt le laisser-faire en la matière. Car si les responsables et les conséquences de la pollution sont identifiés, il sera difficile de les faire condamner.
Quelle est la nature de cette pollution ?
Le nuage présent au-dessus de Paris ces derniers jours est composé de plusieurs éléments. On trouve des gaz, plus ou moins connus, comme le dioxyde d’azote ou le dioxyde de soufre. Pour ces derniers, Airparif, le site de référence concernant la pollution dans la région parisienne, assure que la situation est en passe d’être réglée.
Présentes naturellement dans l’atmosphère, les “particules fines” font aussi partie des pollutions qui stagnent dans l’air de la capitale. C’est leur forte concentration, liées aux activités humaines, qui rend leur présence dans l’air que l’on respire dangereuse. AirParif note à leur propos que leurs concentrations dans l’air sont “globalement stables ces dernières années”. Cela dit, le seuil maximal de concentration des particules les plus fines enregistré en 2012 a atteint le record de 423 ug/m3. En 2007, on avait par exemple seulement enregistré 276 ug/m3.
Quels risques pour la santé ?
De manière générale, la pollution atmosphérique peut avoir des conséquences graves sur la santé, pouvant aller du déclenchement d’allergie et d’asthme à des cancers des poumons ou de la vessie. Dans un rapport publié en 2005, le programme Clean Air for Europe évaluait à 42.090 le nombre de personnes qui décèdent chaque année de manière prématurée en France à cause de la pollution atmosphérique.
Les recherches scientifiques sur le sujet ne démentent d’ailleurs pas la réalité des faits. Dès 1983, le rapport Roussel pointait “l’impact médical” des pollutions automobiles et faisait un lien direct entre les particules fines et le risque de cancer. En 2012, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classait de son côté les gaz d’échappement issus du diesel dans les “cancérigènes certains” pour l’Homme.
Qui pollue ?
Dans cette affaire, tout le monde est un peu responsable. Un rapport du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) datant d’avril 2013 faisait une liste des secteurs responsables de la pollution. L’industrie, le chauffage au bois, les engrais agricoles ainsi que les transports, et notamment le diesel, étaient pointés du doigt. Difficile donc de trouver des coupables concrets, quand la responsabilité est partagée entre de nombreux acteurs.
Les ONG à l’origine de cette plainte inédite ne se font d’ailleurs pas d’illusions sur cette difficulté juridique. Si elles estiment que des condamnations, amende et peine de prison, pourraient voir le jour, elles espèrent surtout que la procédure sera confiée à un juge d’instruction. Comme l’explique le Parisien, l’association Ecologie sans frontière avait déposé une plainte similaire en 2001, mais avait finalement été déboutée.
En attendant, que peut-on faire ?
En cas de pollution atmosphérique, plusieurs comportements sont conseillés par les autorités. Ils sont notamment préconisé à partir du moment où est atteint le “seuil d’information” (comme c’est le cas depuis lundi), quand la concentration des polluants créé un risque pour les populations fragiles.
Il faut tout d’abord protéger les enfants en évitant notamment les promenades au grand air pendant les pics de pollution. Les voies respiratoires des plus petits sont toujours en développement, les pollutions peuvent donc avoir une incidence dangereuse sur leur santé.
Il est également recommandé d’éviter les activités physiques intenses, même en intérieur. La quantité d’air respirée peut passer de 15 à 100 litres d’air par minute lorsqu’on fait un footing, la pollution ingérée devient donc beaucoup plus importante.
Il est ensuite conseillé de ne pas utiliser la voiture. Deux études communes à Airparif et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ont montré que la pollution était deux fois plus importante dans l’habitacle d’une voiture que sur le trottoir du piéton. Les cyclistes pris dans les bouchons sont eux aussi particulièrement victimes des pollutions.
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