Dans la tentaculaire affaire Bettencourt, le volet concernant le "financement illicite de parti politique" devrait prendre un nouveau tournant avec l'audition de Nicolas Sarkozy jeudi à Bordeaux. L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy pourrait être mis en examen par le juge Jean-Michel Gentil. Europe1.fr vous rappelle les éléments de ce dossier au cœur duquel figure l'ancien chef de l’État.
• Qui sont les acteurs principaux de ce dossier ? C'est l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, qui est à l'origine de l'affaire en 2010. Elle affirme que le gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, a versé 150.000 euros pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Claire Thibout a plusieurs fois déclaré avoir assisté à une remise de 50.000 euros en espèce. L'argent aurait été remis à Eric Woerth, le trésorier de campagne de l'ancien président.
L'ancien ministre a été mis en examen en février dernier pour trafic d'influence passif et recel. Patrice de Maistre, quant à lui, a été mis en examen pour abus de faiblesse et abus de biens sociaux.
Des proches de Sarkozy entendus
De proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy ont par ailleurs déjà été entendus récemment dans cette affaire. Xavier Musca, l'ex-secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Picca, l'ancien conseiller justice, et son prédécesseur Patrick Ouart, ainsi que Thierry Herzog, l’avocat de l’ancien chef de l’Etat, ont déjà été interrogés par les enquêteurs de la brigade financière.
• Que pourrait-on reprocher à Nicolas Sarkozy ? Selon plusieurs témoignages, Nicolas Sarkozy aurait rendu visite à plusieurs reprises à Liliane Bettencourt, ou à Patrice de Maistre en 2007, notamment pendant l'entre-deux tours de la présidentielle. L'ancien président a reconnu s'être rendu chez la milliardaire une seule fois, en février 2007.
Les juges s'intéressent aussi aux nombreuses rencontres que Nicolas Sarkozy paraît avoir eues, parfois au moment de temps forts de l'affaire, entre 2008 et 2010 avec l'ancien procureur de Nanterre Philippe Courroye, dont les services s'étaient occupés du dossier Bettencourt de fin 2007 à fin 2010.
Une "boule puante", selon Sarkozy
• Quelle est la défense de Nicolas Sarkozy ? L'ex-président a qualifié la procédure de "boule puante". "Comme toujours avant la présidentielle, il y a un certain nombre de boules puantes, c'est classique, ça ne surprend personne, ce n'est pas pour autant que c'est avéré", s'était-il défendu début avril. "Les comptes de ma campagne de 2007 [...] n'ont été contestés par personne. La commission des comptes de campagne a certifié ces comptes en disant ‘il n'y a pas un centime dont on se demande d'où il vient'", avait-il martelé.
• Où en est la procédure judiciaire ? Au début de l'année, le juge Gentil avait saisi les milliers de documents, justifiant des dépenses mais surtout des recettes du candidat Sarkozy, déposés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Deux semaines après la fin de l'immunité de Nicolas Sarkozy, le juge Gentil a perquisitionné cette fois le bureau et le domicile de l'ex-président. L'avocat de l'ancien chef de l'Etat, Me Herzog, a aussi indiqué avoir transmis au juge les agendas de son client pour l'année 2007.
• Affaire judiciaire ou acharnement politique ? Mardi sur Europe 1, Michèle Alliot-Marie, se disant "très prudente" sur les affaires politiques en tant qu'ancien garde des Sceaux, a rappelé que "c'est aussi Nicolas Sarkozy qui a souhaité que le président de la République soit un justiciable comme les autres". "Je considère que dire à un juge ce que l'on sait d'une affaire, puisque c'est de cela dont il s'agit, c’est un honneur et c'est cela aussi la République" a-t-elle conclu.