COINCIDENCES. Le beau séducteur cachait-il un amant tueur ? Le procès de Jamel Leulmi, présenté comme un charmeur au double visage s'est ouvert lundi devant la Cour d'assises de l'Essonne. L'homme est soupçonné d'avoir assassiné sa femme et tenté de tuer une seconde compagne pour toucher des millions d'euros d'assurance-décès. Les jurés ont plus de trois semaines pour déterminer si l'accusé, 36 ans, est un assassin machiavélique ou un innocent malchanceux, victime d'une série de "coïncidences".
L'accusé est bel homme. Lorsque Jamel Leulmi entre dans le box des accusés, c'est tout à coup le séducteur dont parlent les victimes qui s'incarne. Bel homme, le crâne rasé et le visage fin, il semble en excellente condition physique. Musclé et soigneux de son apparence, il porte une chemise rose pâle sur un pantalon de costume noir. Les seuls mots qu'il prononce sont déterminés. Dans un langage soutenu, il n'hésite pas à souligner combien il se sent mal en prison avec des délinquants moins éduqués que lui.
Lui qui risque pourtant la perpétuité, tente de convaincre la cour de son innocence. Il répète en effet inlassablement : "je suis innocent". Des propos prononcés sans jamais croiser le regard de Julie, son ex-compagne, rescapée d'une violente agression au Maroc. Physiquement encore marquée, la jeune femme a toujours très mal au dos.
"Il aurait pu passer au travers". Il ne prête pas non plus attention à la famille de sa première épouse, Kathlyn, qui, elle, n'a pas survécu à un mystérieux accident de vélo. Pour la mère de cette dernière, ce face-à-face dans la salle est une épreuve. "Ça fait quelque chose puisque je ne l'avais pas revu depuis l'enterrement de ma fille. Mais c'est lui, c'est son personnage, il est faux", confie Brigitte au micro d'Europe 1. "Je pense que c'est un très, très, beau parleur. Un très beau manipulateur aussi. C'est dur, mais je suis contente que ce procès ait lieu, pour elle. Il aurait pu passer au travers", estime la maman.
33 témoins de dernière minute. Sans le témoignage de Julie, jamais la justice ne serait revenue sur la mort accidentelle de Kathlyn. Avec ce point commun pour les deux femmes : des contrats d'assurance décès au montant faramineux au profit de Jamel Leulmi. Un accusé qui a donné le ton de sa défense dès le premier jour du procès, avec la venue en masse, dans la salle de 33 témoins de dernière minute, tous prêts à déposer en sa faveur.
RÉCIT - Le "Barbe bleue" de l'Essonne devant la justice