A l'occasion de la Journée de la femme, l'Insee a publié vendredi matin un rapport sur les différences de revenu entre les sexes. Sa conclusion ? Malgré les déclarations de bonne volonté des uns et des autres, les femmes sont toujours moins payées que les hommes, que ce soit dans le public (où l'écart est de 18 %) ou dans le privé (l'écart de rémunération y est de 28 %). Selon l'institut de statistique, le salaire de ces dernières connait toutefois une toute petite progression dans le privé, puisqu'il y a 20 ans, l'écart de rémunération était de 34 %.
• Des écarts qui restent marqués. Les écarts restent conséquents, notamment dans le tertiaire. Dans des secteurs comme la finance ou l'assurance, les femmes gagnent en moyenne 44 % de moins que leurs collègues masculins. Un phénomène qui s'explique aussi par le fait qu'elles occupent 70 % des postes d'employés, mais seulement 35 % des postes de cadres.
• L'effet positif de la crise. Paradoxalement, les femmes ont bénéficié d'un "effet crise", qui leur a permis de rattraper -en partie- leur manque à gagner : entre 2008 et 2010, les différences de salaire ont baissé de 4 % en France. Mais cela s'explique plus par une baisse du salaire des hommes plutôt que par une hausse de celui des femmes. L'Insee explique ainsi que "la crise a touché tout particulièrement les secteurs d'activité à prédominance masculine (industrie, construction, intérim)."
• Des budgets spécifiques pour les rattrapages. Dans le même temps, les entreprises mettent peu à peu en place des lignes de crédit spécialement dédiées au rattrapage de ces différences. C'est le cas chez Thalès, comme l'explique Anne de Ravaran, directrice juridique des ressources humaines de Thalès : "Depuis 2006, un budget spécifique a été dédié au traitement des éventuels écarts injustifiés de rémunération", explique-t-elle au micro d'Europe 1. En 2012, 1.200 femmes du groupe en ont bénéficié, pour une augmentation de 2,43 % en moyenne.
• Des sanctions à venir. Dans un entretien paru vendredi dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem promet, dans les six mois, des sanctions qui "pourront aller jusqu'à 1% de la masse salariale" car "les inégalités de salaires à poste égal ne représentent que 9%. Ce sont les plus insupportables". "Cela devrait être dissuasif !", estime-t-elle. Et la porte-parole du gouvernement a même avancé une idée concrète : "la suppression des exonérations [des cotisations sociales] reste une piste sérieuse". Cette mesure avait été évoquée pendant la campagne présidentielle par François Hollande.