"Nous sommes en situation de crise sur plus de la moitié du territoire en raison des conséquences de la sécheresse". Le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a dressé un constat sans appel, lundi sur Europe 1. Selon les chiffres du ministère de l’Ecologiepubliés samedi, 42 départements sont concernés par des restrictions d’eau. Pourtant, depuis environ un mois, le gouvernement a tenté d’endiguer cette crise. Le point sur les mesures déjà annoncées, et celles qui peuvent encore être décidées.
Les idées appliquées
Le fauchage autorisé plus tôt. Les exploitants français sont autorisés à faucher dès maintenant, a annoncé Bruno Le Maire lundi sur Europe 1. L'échéance était initialement fixée au 15 juin.
Le Fonds national des calamités agricoles réuni. Encore une annonce de Bruno Le Maire lundi sur Europe 1 : ce fonds, doté d'"une centaine de millions d'euros", pourrait soutenir financièrement les exploitants. "Pour cela, je vais rassembler les préfets de région dans les tout prochains jours, sous huitaine, pour faire le point avec eux, exploitation par exploitation, des besoins financiers", ajouté le ministre.
Un "comité-sécheresse" créé. NKM a réuni lundi 16 mai avec un mois d’avance cette commission de suivi hydrologique, rassemblant les représentants du BRGM, tous les usagers de l'eau, des élus et des experts, afin de faire le point sur la situation. Ce comité-sécheresse doit se réunir régulièrement et au plus tard à la mi-juin, en fonction de l'évolution de la situation.
Les céréaliers poussés à être solidaires avec les éleveurs. Le ministre de l’Agriculture a exprimé une mise en garde mercredi dernier : il a enjoint les céréaliers à ne pas spéculer sur le prix de la paille, désormais indispensable pour nourrir le bétail.
Feu vert pour une aide européenne. La Commission européenne a donné mardi 17 mai son accord de principe au versement d'avances pour venir en aide aux agriculteurs. Bruno Le Maire réclamait le droit de verser des avances sur les aides de la Politique agricole commune, en particulier en faveur des éleveurs. Le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos lui a assuré que "dans les cas justifiés, comme le prévoit la réglementation, il peut être envisagé de procéder au versement d'avances au 16 octobre", soit deux mois à l'avance par rapport au calendrier.
Toutes les jachères utilisables. Le ministre de l’Agriculture l’a annoncé mercredi 11 mai lors d'une visite dans une exploitation de la Vienne, les éleveurs pourront exceptionnellement utiliser toutes les jachères. La FNSEA avait demandé la veille l'utilisation exceptionnelle de jachères pour nourrir le bétail en manque de fourrage.
Les idées évoquées, mais pour le moment écartées
Des contrats entre céréaliers et éleveurs. Ce n’est pas acté, mais Bruno Le Maire l’a appelé de ses vœux : il a demandé mardi 10 mai aux agriculteurs de mettre en place, pour le 1er juillet, des contrats entre céréaliers et éleveurs pour faciliter l'approvisionnement en alimentation animale.
Pas d’impôt-sécheresse. Nathalie Kosciusko-Morizet a estimé, dimanche dernier sur Radio J, qu'il était "trop tôt" pour envisager la mise en place d’une telle taxe pour aider agriculteurs. Ce levier de l’impôt-sécheresse avait été actionné en 1976. La ministre avait déjà distillé le même message vendredi 13 mai sur France Info.
Des zones de stockage d’eau ? Le président de la FNSEA Xavier Beulin a plaidé vendredi 13 mai lors d'un déplacement à Aubiac, dans le Lot-et-Garonne, pour la création de "zones de stockage" d'eau pendant l'hiver afin d'utiliser plus tard cette eau, notamment pendant les périodes de sécheresse.
Les pistes de Ségolène Royal. La présidente de Poitou-Charentes a demandé jeudi 19 mai au gouvernement de bloquer le prix du fourrage par un décret, comme cela avait été le cas en 1976, et de bloquer le prix de la paille à 18 euros la tonne. Elle a demandé la réquisition des céréales, notamment destinées à l'exportation, pour l'alimentation du bétail et à un tarif contrôlé, également comme en 1976. Elle a aussi souhaité l'interdiction du broyage de la paille.