L'INFO. Pour toute la France, il est désormais devenu "le bijoutier de Nice". Stephan Turk, le bijoutier niçois qui a tué mercredi dernier Anthony Asli, un des braqueurs de son magasin, a été mis en examen vendredi pour homicide volontaire et assigné à résidence. Son histoire, qui a provoqué une vague de soutien sans précédents, notamment sur les réseaux sociaux avec un groupe Facebook rassemblant plus d'un million de "likes", s'invite désormais jusque dans le débat politique.
>> Mercredi matin, Stephan Turk, le "bijoutier niçois" répondait en exclusivité aux questions de Thomas Sotto sur Europe 1.
Dans quel état d'esprit se trouve-t-il ? "Ça va aller maintenant, mais il y a encore beaucoup de douleur, parce que j’ai reçu un coup sur le visage, sur la poitrine. C’est désormais une affaire juridique. Si le magasin reste fermé, ça ne va pas, la marchandise reste et la plupart sont volées. On a des dettes envers les fournisseurs… On attend. On attend la justice, on attend la justice. J’ai grande confiance en la justice, je ne suis pas un justicier. C’est une situation critique pour moi et pour la victime. Mais moi je suis la victime avant lui !".
Se sent-il coupable aujourd'hui ? "Pourquoi coupable ? Je me défends. C’est lui qui décide de venir chez moi avec des armes et m’agresser. Il a violé mes droits au magasin. Il a pris mes marchandises, mais bon c’est un accident. J’ai vraiment tenté d’arrêter le scooter. J’ai tiré sur le scooter. J'étais dans le magasin, après j’ai couru avec la carabine sur moi, je saute sur le trottoir, ça a duré une minute, quelques secondes mais terrible, j’étais tout seul avec les deux voleurs agressifs. Je ne sais pas ce qui s’est passé, ça a été trop rapide. Je voulais arrêter le scooter c’est tout. Je ne voulais toucher personne. Si j’avais voulu tirer sur lui, j’en avais l’occasion. Il était devant moi à un mètre".
>> Stephan Turk, le bijoutier de Nice : "je regrette parce qu'il est mort" :
Regrette-t-il ce qu'il son geste ? "Oui bien sûr, j’ai regretté pour lui, pour sa famille. Ce n’est pas lui le responsable, mais c’est son père ! Le jeune homme avait déjà été impliqué dans 14 affaires. Où est sa famille ? Où est son père ? Qu’est-ce qu’il dit son père au journal ? 'Mon fils avait besoin d’argent'. Mais ça ne va pas ça ! Je regrette parce qu’il est mort. C’est ça que je regrette. C’était pas lui le responsable. Mais eux, ils sont coupables. Il faut juste bien élever ses enfants. Je regrette parce qu’il est mort, ce n'est pas ma faute".
Pourquoi était-il armé ? "Il y a beaucoup de problèmes, c’est normal. J’ai déjà été cambriolé. J’ai une bijouterie dans un quartier très très sensible. Pourquoi je détenais une arme ? Pour me défendre c’est très simple. Regardez ce qu'il se passe ! (c'est) une détention (d'arme) pour protéger mes droits, mes affaires. Mais pourquoi, lui, détenait des armes chez lui ? Pourquoi il décide de venir chez moi m’agresser ? Me voler ? C’est ça la question".
Que pense-t-il de la vague de soutien et de la récupération politique ? "Merci à tout le monde pour votre solidarité. C’est important pour la société, pas pour moi. Ce n’est pas pour moi, moi je connais seulement 50 personnes. Il faut arranger les problèmes d’insécurité. Il faut prendre conscience de la situation sur la sécurité. Je ne veux pas être un ballon dans les pieds des politiques".