Après les condamnations politiques et civiles, place à la condamnation judiciaire. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi le directeur de la publication de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute à 10.000 euros d'amende pour sa Une qui avait comparé la ministre de la Justice Christiane Taubira à un singe. Le parquet avait requis trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende à l'encontre du directeur de la publication, Jean-Marie Molitor.
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En couverture de son édition du 13 novembre 2013, le journal avait publié une photo de la garde des Sceaux, avec ce titre: "Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane". Peu de temps auparavant, Christiane Taubira avait été la cible de propos racistes du même acabit, de la part d'une jeune fille lors d'une manifestation d'opposants au mariage homosexuel ou encore d'une ex-candidate FN aux municipales dans les Ardennes.
Une "surenchère" dénoncée par la procureure, Aurore Chauvelot, pour qui le délit d'injure publique raciale est constitué: "Comparer Mme Taubira à un singe, c'est méprisant, c'est outrageant".
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Vague d'indignation. A l'époque des faits, la ministre avait dénoncé des propos "d'une extrême violence", niant son "appartenance à l'espèce humaine". Responsables politiques de tous bords, militants antiracistes et anonymes lui avaient apporté leur soutien.
Dans la presse comme devant les enquêteurs, Jean-Marie Molitor s'était défendu de tout racisme. Il avait seulement reconnu une couverture de "mauvais goût". Selon son directeur de publication, l'hebdomadaire n'est "pas un journal d'extrême droite", mais un titre "libre et indépendant". Il a assumé cette Une, selon lui issue d'un "travail collectif".
"Racisme primaire". Un dessin, passé relativement inaperçu, valait également à Jean-Marie Molitor d'être poursuivi. Paru le 30 octobre, il représentait un singe versant une larme, dont l'avocat déclarait: "Mon client porte plainte pour avoir été odieusement caricaturé en madame Taubira". Il a été relaxé, tout comme le dessinateur, David Miège.
"On est en plein dans l'expression du racisme primaire", a plaidé Me Gérard Taieb, avocat du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). "Le fait d'assimiler une personne humaine à un animal, c'est une injure faite à l'humanité tout entière".
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Minute dénonce une "asphyxie financière". Entre les amendes requises et les dommages et intérêts réclamés par les associations parties civiles, le journal s'était ému dans son numéro suivant l'audience que soit réclamée son "asphyxie financière".