René Marratier aurait-il eu la folie des grandeurs ? Le maire de La Faute-sur-Mer, à qui il est reproché d’avoir délivré des permis de construire en zone inondable, a tout d’un "self-made-man", qui a bâti son succès sur une politique d’urbanisme effrénée.
Le maire de la commune vendéenne, dans laquelle 29 personnes étaient mortes dans la nuit du 27 au 28 février 2010 lors de la tempête Xynthia, a été mis en examen jeudi pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui.
René Marratier n’est pas "le bon coupable"
Pour son avocat, Me Olivier Metzner, cette mise en examen sonne faux. D’après lui, René Marratier n’est pas "le bon coupable". A la veille de la tempête Xynthia, a-t-il rappelé vendredi sur Europe 1, il a docilement suivi l’avis de la préfecture de Vendée, qui avait appelé les communes touchées par la catastrophe à convier leurs habitants à "rentrer chez eux".
"Monsieur Marratier habite lui-même" dans la zone inondable, et "a pris le même risque" que ses voisins, a défendu l’avocat, qui réfute tout manque de vigilance de son client, à qui il est notamment reproché d'avoir délivré des permis de construction en zone inondable.
Pour Me Olivier Metzner, la justice ne cherche pas du "bon" côté:
Urbanisation à outrance
Pourtant, l’élu est connu pour son goût prononcé pour la construction à outrance. L’ancien camionneur et chef d’une entreprise de transports routiers a été élu pour la première fois en 1989. Depuis, il n’a jamais cessé de mener sa politique d’urbanisation à grande échelle.
En l’espace de vingt ans, La Faute-sur-Mer, station balnéaire, est passée de 500 maisons à 5.000 résidences, essentiellement secondaires. Commerçant et artisans s’y sont développés avec une aisance particulière.
Coutumier des bras-de-fer avec la préfecture
René Marratier a tout d’un maire populaire. Depuis 1989, il a aligné quatre mandats, en récoltant chaque fois plus de 60% des voix. Lorsqu’il s’est vu confronté aux difficultés administratives, l’élu a su lever ses troupes. En 2001, quand le préfet de Vendée ferme le camping municipal, situé en zone inondable, il arrive à rassembler un millier de manifestants. Grâce à un tel appui, René Marratier obtient gain de cause.
En 2007, nouveau bras-de-fer avec la préfecture, qui tente d’imposer un plan de prévention des risques d’inondation à la Faute. Une fois de plus, René Marratier tient bon. Il multiplie les moyens dilatoires pour continuer à construire de nouveau logements, quasiment à marche forcée.
Après la tempête Xynthia, les langues se sont toutefois déliées, dénonçant un "système Marratier", basé sur le clientélisme et l’omerta.